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L’affaire Madoff va-t-elle plomber l’ouverture d’Orange Bank ? (mise à jour)

Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre Orange et Groupama Banque ? On n’en est pas encore là mais les relations entre les deux parties pourraient se tendre dans un avenir proche. Rappelons que, le 4 janvier dernier, l’opérateur historique est entré en négociations exclusives pour acquérir 65% de Groupama Banque en vue de créer la banque 100% mobile Orange Bank à l’horizon 2017. Mais c’était sans compter sur les affaires planquées sous le tapis de la filiale de l’assureur.

Groupama Banque est en effet impliquée dans un contentieux lié à la fraude Madoff, nous apprend la CFE-CGC Orange qui, en tant que syndicat représentant des salariés actionnaires de l’opérateur (5% du capital, 8% des droits de vote), a été informé de ce risque potentiel par le cabinet d’avocat Lecoq-Vallon. Pour mémoire, l’investisseur Bernard Madoff avait monté un circuit frauduleux ou les nouveaux investissements qu’il recevait par le biais de son fonds servaient à payer les intérêts des précédents investissements. En 2008, la crise des subprimes aux Etats-Unis a mis l’arnaque au grand jour alors que Bernard Madoff Investment Securities ne pouvait plus rembourser ses investisseurs et dévoilait une perte de 50 milliards de dollars. Nombre d’établissements financiers ont été piégés par ce montage frauduleux, dont Groupama Banque aujourd’hui embarquée dans un ensemble de procédures en France et aux États-Unis.

373 millions de dollars de risques financiers

Le risque financier pour la banque pourrait s’élever à 373 millions de dollars (330 millions d’euros), un montant supérieur à ce qu’Orange entend investir pour acquérir sa part du capital de Groupama Banque. « Après investigations, nous avons constaté avec stupéfaction que le montant de la provision pour risques et contentieux porté au bilan de Groupama Banque est insuffisant pour couvrir ce risque, et qu’aucune mention dudit risque n’apparaît dans son rapport financier au 31 décembre 2014 », écrit la CFE-CGC dans une lettre adressée à Ramon Fernandez, directeur financier d’Orange. En 2009, la banque laissait entendre que les risques liés à l’affaire Madoff se limitaient à moins 10 millions d’euros. Entre 10 et 330 millions, il y a un gouffre sur lequel Groupama Banque va devoir s’expliquer. Car si le contentieux aboutit en défaveur de l’établissement financier, les normes bancaires imposeront assurément une recapitalisation conséquente.

Pour la CFE-CGC, « c’est à Groupama d’assurer l’intégralité de ce risque financier ». Et de s’interroger sur le dimensionnement et de la durée de la garantie de passif pour couvrir « tous les risques à venir ». L’accord entre Orange et Groupama Banque pourrait-il être remis en cause retardant d’autant le lancement de la banque mobile de l’opérateur ? « Non, pas pour l’instant, nous a répondu Sébastien Crozier, président du syndicat. mais Orange va devoir demander des garanties de passif supplémentaires. Il semble que Groupama a dissimulé ce risque puisqu’il n’apparait pas dans son rapport annuel. Une fois l’acquisition faite, Orange va être obligé de le dire et donc de se couvrir. » Sinon, l’image de la première banque en ligne en France pourrait bien être salement écornée au risque de faire fuir les clients potentiels.

[Mise à Jour] Interpelé par l’ADEAS (l’association des actionnaires salariés d’Orange) sur les risques cachés de Groupama Banque dans l’affaire Madoff, le directeur financier d’Orange, Ramon Fernandes, répond par tweet que l’opérateur est « prémuni et protégé contre ce risque » dont le « litige [est] bien identifié par audit [de] pré-acquisition ». Pas de quoi freiner Orange dans sa frénésie de monter en puissance dans les services financiers visiblement.


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Crédit Photo : Syda Productions-Shutterstock

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