Larry Ellison, patron d’Oracle, est sur le point de remporter la plus longue bataille de sa carrière: la prise de contrôle de son concurrent PeopleSoft. L’ultime offre de l’éditeur, à 8,8 milliards de dollars, arrive à échéance ce vendredi à minuit (heure américaine) mais divers éléments laissent croire que les actionnaires de PeopleSoft cèdent aux sirènes de l’OPA malgré l’opposition de son conseil d’administration.
Oracle a ainsi reçu le soutien d’un grand fonds de pension. Calpers, premier fonds de pension des États-Unis, a annoncé avoir apporté à Oracle son million et demi d’actions PeopleSoft. Avant Calpers, Capital Guardian Trust, Paulson & Co. et P. Schoenfeld Asset Management – qui détiennent à eux trois quelque 9% des actions PeopleSoft – ont déjà annoncé cette semaine leur intention d’apporter leurs titres à l’opération. En revanche, Private Capital Management LP, le principal actionnaire de PeopleSoft, a déclaré qu’il ne comptait pas apporter ses 35,1 millions d’actions, soit une participation de 9,4%, car il estime que l’offre d’Oracle sous-évalue la société. Dans le même temps, Kevin Parker et Phil Wilmington, coprésidents de PeopleSoft, ont indiqué par e-mail mercredi aux salariés du groupe qu’il ne leur faudrait « pas s’étonner » de voir la majorité des actionnaires de leur entreprise apporter leurs titres au concurrent Oracle. Ce message a été rendu public jeudi. Pour les analystes, les jeux sont faits: « Je parie qu’Oracle en aura suffisamment pour franchir la limite », commente Steven Cohen, de Kellner DiLeo Cohen & Co. Si Oracle franchit le seuil des 50% du capital en actions, le conseil d’administration de PeopleSoft devra encore désactiver la « pilule empoisonnée » conçue pour protéger le groupe contre une éventuelle prise de contrôle hostile. C’est seulement à ce moment-là qu’Oracle pourra crier victoire. Mais l’éditeur a prévenu qu’il engagera tous les moyens en son pouvoir si le Conseil d’administration bloque la fusion alors que les 50% sont franchis. Si le conseil refuse toujours de renoncer à la pilule, la question pourrait être tranchée par la justice du Delaware. Oracle et PeopleSoft doivent se retrouver au tribunal le 24 novembre, et la cour pourra en dernier lieu décider de maintenir le dispositif de défense en place, ou de le supprimer.
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