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Le piratage a-t-il coûté 20 milliards d’euros à l’industrie créative européenne ?

Le cabinet d’expertise économique Tera Consultants a rendu publique mercredi une nouvelle étude d’impact du piratage sur l’industrie créative européenne après la diffusion, en 2010, d’un premier rapport soutenu par la coalition BASCAP (Business Action to Stop Counterfeiting and Piracy) de la Chambre de commerce internationale. L’évaluation actualisée pour la période 2008-2011* fait débat.

Piratage et destruction de valeur

Les industries créatives « centrales » de l’Union européenne des 27 auraient dégagé 558 milliards d’euros de valeur ajoutée au PIB en 2011, soit 4,4% du PIB européen. La valeur ajoutée produite par l’ensemble de ces industries (centrales et périphériques) représentait 860 milliards d’euros, soit 6,8% du PIB européen. Ces industries dans leur ensemble (art, architecture, design, publicité, concerts, cinéma, vidéo, photo, musique, édition de jeux vidéo et logiciels, édition de presse et livres…) employaient alors 14 millions de personnes, soit 6,5% du total de la main-d’œuvre européenne.

Cinq marchés européens – la France, l’Allemagne, le Royaume Uni, l’Italie et l’Espagne – représentaient 72% de la valeur ajoutée totale des industries créatives en Europe et 68% des emplois du secteur. Dans ces cinq pays, sur la période 2008-2011, la destruction de valeur « réelle » liée au piratage se serait élevée à 20 milliards d’euros et les pertes d’emplois effectives à plus de 189 600.

Lobbying à tous les étages

En l’absence hypothétique de tout piratage, « la valeur ajoutée et l’emploi dans les industries créatives auraient suivi la tendance de l’ensemble de l’économie ou celle des industries de services », d’après les auteurs de l’étude d’impact. Sur Netzpolitik.org, Leonhard Dobusch, professeur assistant en théorie des organisations à l’Université Libre de Berlin (Freie Universität), réfute ce postulat.

Pour l’universitaire, le piratage peut causer des pertes dans certains secteurs, sans pour autant freiner une économie nationale, car les acheteurs réorientent leurs dépenses. Par ailleurs, il est difficile de démontrer que le manque à gagner estimé se traduise par une perte nette de la valeur ajoutée ou une perte d’emplois équivalents temps plein, a-t-il expliqué. Enfin, Leonhard Dobusch s’étonne de la comparaison entre industries créatives et industries de services, ces dernières étant moins sensibles aux ralentissements économiques et mutations technologiques.

*Les statistiques Eurostat pour 2011 étant disponibles depuis fin 2013.

Crédit Photo © Rrraum shutterstock

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