Saga IT : comment IBM a traversé un siècle de technologies

Au début étaient des machines à statistiques, des pointeuses et des balances électroniques, pour quelques millions de dollars de chiffre d’affaires. Un siècle et quelques années plus tard, IBM est devenu une société de conseil et de services dont les revenus annuels avoisinent 70 milliards de dollars. Silicon revient sur l’histoire et la métamorphose du premier géant de l’IT.

Les mainframes font de la résistance

Et les mainframes dans tout ça ? Au début des années 90, alors qu’on commence à évoquer leur mort, une nouvelle génération débarque : les System/390. Les prix vont d’environ 70 000 dollars à plus de 20 millions pour certains modèles dotés d’un refroidissement à eau. L’architecture à fibre optique ESCON y est généralisée.

La gamme des mini-ordinateurs avait été renouvelée un peu plus tôt (1988) avec les AS/400.
L’acronyme AS, pour « Application System », reflète l’effort d’IBM pour assurer la compatibilité avec les System/34 et 36 tout en reprenant l’architecture des System/38.

L’AS/400 est si proche du System/38 qu’il faillit être appelé System/40. IBM y intègre la première génération de ses processeurs sur base RISC : les POWER (Performance Optimization With Enhanced RISC), avec le jeu d’instructions dit « Amazon ». En respect de sa nomenclature, il nomme le système d’exploitation OS/400.

Une autre famille lancée au début des années 90 exploite les puces POWER : les RS/6000. Les serveurs et stations de travail qui la composent fonctionnent sous UNIX.

Les AS/400 deviendront iSeries au début des années 2000 lors du lancement de la gamme eServer. Tandis que les RS/6000 deviendront pSeries.
Les marques System i et System p seront adoptées en 2006. Leur fusion sous la bannière IBM Power Systems interviendra en 2008. Les mainframes resteront une gamme à part : System z.

Le super-ordinateur Deep Blue, qui bat en 1997 le champion d’échecs Garry Kasparov, (deux victoires à une ; trois matchs nuls) utilise une implémentation de la génération POWER2, lancée en 1993. Avec ses 256 processeurs, il est capable d’évaluer 200 millions de positions par seconde.
Dans la famille des super-ordinateurs médiatisés, on retrouvera, en 2011, Watson, vainqueur au jeu télévisé américain Jeopardy!. Avec ses 2 880 processeurs POWER 750, il démontrera, à cette occasion, son potentiel de traitement des données non structurées et du langage naturel.

Une partie de la gamme RS/6000 emploie des microprocesseurs dérivés de l’architecture POWER : les PowerPC. Développés avec Apple et Freescale (anciennement Motorola Semiconductors), ils seront utilisés principalement dans les Macintosh, de 1994 à 2006. On les trouvera aussi sur des consoles de jeux, dont la GameCube de Nintendo, la Xbox 360 de Microsoft et la PlayStation 3 de Sony.

mac-powerpc
publicité issue du magazine « InfoWorld », décembre 1993

IBM fait aussi de Linux un atout dans l’univers des mainframes. Son intégration démarre à la fin de la décennie, avec l’appui de Red Hat.