Saga IT : comment IBM a traversé un siècle de technologies

Au début étaient des machines à statistiques, des pointeuses et des balances électroniques, pour quelques millions de dollars de chiffre d’affaires. Un siècle et quelques années plus tard, IBM est devenu une société de conseil et de services dont les revenus annuels avoisinent 70 milliards de dollars. Silicon revient sur l’histoire et la métamorphose du premier géant de l’IT.

La folie du Net

La deuxième partie de la décennie voit le mot « Internet » apparaître massivement au catalogue d’IBM. La gamme Internet POWERsolution, avec ses serveurs, son pare-feu et ses proxys, en est un exemple, comme les « Internet Commercial Application Servers ».

Après leur acquisition par IBM en 1995, les logiciels de Lotus trouvent place sur certains de ces serveurs, aux côtés d’une kyrielle d’outils « orientés Internet ». Par exemple Net.Commerce (création de boutiques en ligne), Weblicator (aspirateur de sites) et Cryptolope (protection de la propriété intellectuelle pour l’achat-vente de contenus).

IBM va jusqu’à proposer une place de marché (World Avenue) pour aider les commerçants à développer leur activité sur la Toile. Et, pour les utilisateurs finaux, le navigateur Home Page Reader, contrôlable à la voix.
Dans le secteur de l’éducation, l’atout s’appelle NetVista. Désignant initialement une suite logicielle destinée à faciliter l’accès au Net, elle s’élargira avec les années jusqu’à englober une lignée de PC et de clients légers.

La stratégie « e-business » de Lou Gerstner est alimentée par des acquisitions, comme celles de NetObjects (outils de développement de sites web) et d’Aptrix (gestion de contenu web).
En toile de fond, la réalité des marchés boursiers : en 1996, la capitalisation de Microsoft a dépassé celle d’IBM. Il en sera ainsi jusqu’en 2011.

L’offre d’IBM Global Services se diversifie en parallèle. Au début des années 2000, sous la direction de Virginia « Ginni » M. Rometty, s’y ajoute le stockage managé, puis l’hébergement web.
On ne parle pas encore de cloud, mais d’outsourcing. IBM utilise le terme « IT à la demande ».

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Samuel Palmisano

Plusieurs fournisseurs de services d’externalisation tombent alors dans l’escarcelle du groupe. Parmi eux, Daksh Infosoft et Equitant.
La croissance externe permet aussi à IBM de se constituer un portefeuille transversal, entre gestion des contenus (Venetica, Green Pasture Software), des données (CrossAccess, Ascential Software), des applications (Cyanea Systems, Meiosys), des processus (HOLOSOFX, CrossWorlds Software), des réseaux (Micromuse), des actifs technologiques (Isogon Corporation) et des identités (SRD).

IBM lâche un peu plus le matériel pour se concentrer sur le logiciel et les services. La cession de la branche PC à Lenovo en 2005 en est emblématique. Samuel J. Palmisano (ci-contre) occupe alors depuis un peu plus de deux ans les fonctions de P-DG.