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SIRH : le compte n’y est pas au ministère du Travail

Un niveau d’acculturation au numérique particulièrement faible, et spécifiquement à la DRH ? Ainsi la Cour des comptes perçoit-elle la situation au ministère du Travail.

Constat : les formations se concentrent presque exclusivement sur les outils bureautiques. Elles ne touchent quasiment pas aux fondamentaux du big data. Cela explique en partie la qualité insuffisante des données des logiciels RH. Et par là même l’absence d’exploitation de ces données pour établir des restitutions automatisées.

Dans un tel contexte, le suivi des effectifs est « artisanal ». Effectué hors du SI, il se fonde sur des fichiers Excel que les correspondants transmettent tous les mois à la DRH. Alors même que l’ensemble des éléments permettant le suivi figurent dans RenoiRH.

Ce progiciel, fondé sur HR Access (made in CGI), est développé par le Cisirh (Centre interministériel de services informatiques relatifs aux ressources humaines, rattaché à Bercy). En 2016, il avait pris le relais de SIRHANO et de SYNERGY. Le premier se basait déjà sur HR Access. Il servait, au sein des ministères chargés des affaires sociales, les agents des secteurs « santé, jeunesse et sports ». Le second, basé sur PeopleSoft, se destinait aux agents du secteur « travail ».

Face à RenoiRH, une « culture Excel »

La mise en place de RenoiRH s’est assortie de travaux d’uniformisation des modèles de données. Cinq campagnes de fiabilisation eurent lieu entre 2015 et 2022 – on finit même par recruter spécifiquement deux agents. Cela n’a pas pour autant abouti à la correction de toutes les données. Ni assuré le remplissage et le contrôle systématique de tous les champs lors de la saisie de nouveaux dossiers. En outre, les erreurs que remontent les services de proximité ne sont pas corrigées pour les campagnes suivantes, remarque la Cour des comptes.

Le nombre d’outils utilisés en parallèle de RenoiRH multiplie les sources de données. Il existe bien un module pour réaliser des enquêtes, mais chaque bureau privilégie ses propres outils, d’où le « suivi Excel »… L’analyse du taux de connexion audit module confirme que la grande majorité des agents « ne l’utilise jamais ».

La DRH n’envisage pas, pour le moment, d’automatiser son suivi de effectifs. Entre autres au motif que RenoiRH ne permet pas de réaliser des simulations de recrutement. La Cour des comptes lui recommande tout de même de tester un module de pilotage des effectifs que le Cisirh expérimente actuellement auprès du Conseil d’État. Il est alimenté par RenoiRH, les fichiers de paye de l’État, Indiarému et Chorus. L’occasion de clarifier les rôles et responsabilités entre la DRH et la DFAS (direction des finances, des achats et des services). La première n’a pas accès à Chorus, ni à Indiarému. La seconde, aux extractions automatisées de RenoiRH.

L’absence d’un vrai tableau de bord

La DRH ne dispose, plus globalement, d’aucun tableau de bord permettant la remontée d’indicateurs synthétiques. Le mieux dont elle dispose contient quatre indicateurs : nombre de contrats signés par mois, délai moyen de recrutement de contractuels, évolution du nombre de contrats d’apprentissage et taux global de rejet des mouvements de paye par le comptable public. De manière générale, elle s’appuie aujourd’hui sur son réseau de correspondants pour faire remonter des données.

L’argument selon lequel les fonctions de recrutement et de suivi du temps de travail sont déconcentrées ne peut pas justifier l’incapacité d’un pilotage global, selon la Cour des comptes. En l’état, c’est le cas. Les seules données – parcellaires – sur l’absentéisme proviennent des bilans sociaux. À défaut, notamment, d’interfaçage avec le site Choisir le service public, RenoiRH ne permet lui-même pas de suivre les taux de vacance de poste et d’absentéisme. Ni les délais de recrutement.

Pour ce qui est de la paye, un SharePoint facilite les relations entre la DRH et son réseau. Mais on n’a pas encore dématérialisé le dossier personnel des agents.

Illustration © Vasina Natalia – Shutterstock

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