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Superordinateur : l’infrastructure EuroHPC devient le pilier de l’Europe

Le Top500, qui établit deux fois par an la liste des superordinateurs les plus puissants au monde, place la Chine et les Etats-Unis au sommet de la hiérarchie mondiale en termes de nombre de superordinateurs (respectivement 202 et 143 méga-machines de calcul).

Une suprématie dont l’Union Européenne a pris la mesure avec la création d’EuroHPC.

L’entité mise en place par les Etats membres doit acquérir et exploiter plusieurs superordinateurs mais également innover dans le domaine du HPC (calcul haute performance).

L’enjeu est crucial pour l’UE : les superordinateurs sont incontournables pour revendiquer une souveraineté numérique.

Ils sont aussi précieux pour de nombreuses sociétés. Permettant d’effectuer des calculs intensifs sur des quantités de données abyssales (big data), les superordinateurs permettent en particulier de réduire les cycles de développement. Ainsi, la conception d’un nouveau modèle de voiture peut passer de 60 à 24 mois grâce à l’usage de superordinateurs.

Citée dans le communiqué, Mariya Gabriel, Commissaire en charge de l’Economie et de la Société numériques, estime que « les superordinateurs sont déjà au cœur de grandes avancées et innovations dans de nombreux domaines qui concernent directement la vie quotidienne des citoyens européens. Ils peuvent nous aider à développer une médecine personnalisée, à faire des économies d’énergie et à lutter plus efficacement contre le changement climatique ».

Tout en poursuivant : « Une infrastructure européenne de calcul intensif plus performante offre de nombreuses possibilités de création d’emplois et représente un facteur clé pour le virage numérique de l’industrie et le renforcement de la compétitivité de l’économie européenne. »

Dans une volonté de rester compétitifs, les sociétés européennes n’ont d’autres choix que de faire appel aux machines étrangères, situées hors de la zone UE.

Le corollaire de ce manque d’indépendance est une menace pour la confidentialité des données soumises à ces calculs intensifs. Or, ces données revêtent souvent un caractère sensible.

Le communiqué précise que les scientifiques n’ont ainsi pas d’autres choix que de se tourner vers des machines situées hors de l’UE : « À l’heure actuelle, les scientifiques et les entreprises d’Europe effectuent de plus en plus souvent le traitement de leurs données en dehors de l’UE car le temps de calcul disponible dans l’UE ne suffit pas à leurs besoins. »

EuroHPC, dont les fondements remontent à mars 2017, doit permettre rapidement de pallier, dans une certaine mesure, à cette problématique. Comment ?

L’entité juridique et financière que constitue EuroHPC sera financée à hauteur d’environ un milliard d’euros d’ici 2020 : 486 millions d’euros versés par l’UE, le reste du montant provenant des États membres et des pays associés. Des organisations du secteur privé vont aussi financer la structure.

De quoi permettre à HPC, dont le siège sera situé au Luxembourg (pays à l’origine du chantier), d’acquérir et de gérer deux superordinateurs pré-exascale (10 puissance 17 d’opérations de calcul ou cent millions de milliards de calculs par seconde) de classe mondiale et au moins deux autres systèmes HPC de milieu de gamme (1016 calculs par seconde). Ils seront effectifs à compter de 2020 et pourront dès lors êtres exploités par des utilisateurs publics et privés.

Le développement de machines avec des capacités exascale (1018 ou un milliard de milliards de calculs par seconde) basés sur la technologie de l’UE, est, lui, prévu d’ici 2022-2023.

En sus de l’acquisition de superordinateurs, EuroHPC a pour vocation de mettre en place un programme de recherche dans le domaine du HPC (Calcul à hauteur performance).

Les sujets comprennent aussi bien les microprocesseurs à faible consommation que la conception conjointe de machines avec des capacités exascale.

Il s’agit aussi de pousser les initiatives concernant les applications HPC et d’encourager le développement des compétences et un usage plus généralisé.

HPC : « moteur pour faire avancer l’économie numérique »

Le programme est aussi ambitieux qu’il est vital pour le tissu économique européen et l’innovation dans la zone UE.

Dans le top 10 du Top publié en novembre 2017, si la Suisse place une machine à la 3ème place (derrière deux machines chinoises), l’UE est absente. Le Japon est présent avec 3 superordinateurs tandis que les Etats-Unis en placent 4.

Un constat alarmant partagé par Andrus Ansip, Vice-Président de la Commission européenne chargé du Marché unique numérique, qui estime que « les superordinateurs sont le moteur qui fait avancer l’économie numérique ».

« La course est rude et l’Union est actuellement à la traîne: nous n’avons pas de superordinateurs dans les dix premiers du classement mondial », évoque-t-il.

« Avec l’initiative EuroHPC, nous voulons donner aux chercheurs et aux entreprises d’Europe une capacité de calcul intensif de premier ordre au niveau mondial d’ici à 2020, afin de développer des technologies telles que l’intelligence artificielle et de concevoir les applications quotidiennes du futur dans des domaines tels que la santé, la sécurité ou l’ingénierie. »

(Crédit photo : CEA Bull-supercalculateur-tera-100_1-petaflops)

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