Teradata Partners 2008 : Oracle, HP… et Teradata

Présent à Las Vegas, silicon.fr a rencontré Stephen Brobst, directeur technique chez Teradata. Une analyse tranchée sur l’accord Oracle-HP. Et quelques considérations techniques échangées librement

Vous qui prônez la concurrence comme catalyseur d’innovation technologique, que pensez-vous de l’offre d’Oracle annoncée le mois dernier ?

Lorsqu’on examine l’offre d’Oracle, on constate qu’elle est constituée de deux architectures superposées. Au-dessus est installé Oracle RAC [NDR : avec Real Application Clusters, le SGBD Oracle exécute, sans modification, toute application sur plusieurs serveurs en cluster], toujours aussi rigide et peu évolutif. Au-dessous, des serveurs Intel accèdent aux disques de stockage. Apparemment, rien de nouveau. Sinon des temps de latence en plus et une multiplication des hops entre serveurs Intel et RAC, pénalisant fortement les performances. Et ce manque d’intégration étroite entre ces deux architectures explique en grande partie cette situation.

Sur l’architecture Teradata, nos VAMPS (Virtual Access Module Processor) gèrent directement le stockage, le filtrage, etc. sans intermédiaire entre le système et la base de données. J’ai d’ailleurs trouvé intéressantes les comparaisons avec Netezza, qui incarne une offre d’entrée de marché du datawarehouse. Oracle se positionne effectivement sur ce créneau, qui vient concurrencer notre offre avec le 2550.

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Et que pensez-vous de l’association avec HP et ses serveurs Proliant ?

L’utilisation de serveurs Intel est une bonne stratégie. Mais le manque d’intégration est un non-sens ! Et tout le bruit que peut orchestrer le marketing d’Oracle autour de cette offre n’y changera rien.

J’avais l’impression qu’HP proposait une offre sur ce créneau avec NeoView… Certes, cette offre rencontre très peu de réussite : aucune référence en France, une modeste au Royaume-Uni… D’ailleurs, nous -et nos concurrents- ne les rencontrons sur aucun appel d’offres. De plus, les ventes de NeoView sont souvent liées à des upgrades comme ceux d’environnements Tandem par exemple.

Si j’étais à la place d’HP, j’aurais certainement conclu ce partenariat avec Oracle, car les serveurs Intel constituent une bonne base pour ce type de marché. Cependant, en jouant le jeu avec Oracle, HP signifie aussi que NeoView est mort.

Les serveurs blade pourraient-ils intéresser Teradata ?

Les infrastructures blade n’offrent pas assez de performances en entrées/sorties pour répondre efficacement aux exigences imposées par les applications de datawarehouse. En revanche, ils conviennent parfaitement aux utilisations nécessitant une forte capacité de calcul et peu d’entrées/sorties, comme les applications scientifiques ou de calcul.

En revanche, Teradata s’intéresse fortement aux technologies standard concernant les entrées/sorties à haut volume. Quel que soit le constructeur (y compris Intel), nous nous attachons à deux aspects : l’utilisation de standards ouverts pour la conception des processeurs, et de bonnes performances en entrées/sorties. Et ce, aussi bien sous Linux que sous Windows.

Comment percevez-vous Linux et Windows sur ce marché ? Lequel a la préférence de Teradata ?

Pour les gros datawarehouses, les entreprises plébiscitent Linux, et systématiquement au-delà de 5 Po. Mais nous déployons aussi des solutions sous Windows pour des volumes de 100 To. Chez Teradata, nous n’avons pas de religion en la matière. Toutefois, autant nous retenons Linux, autant nous refusons de travailler sous des versions commerciales d’Unix.

En zone Emea (Europe et Moyen-Orient) Linux Suse rencontre plus de succès, tandis que RedHat est historiquement préféré par les Américains. Cependant, Suse remonte aux États-Unis. En Asie, les entreprises regardent ce que font les autres.