En se frottant à l’écosystème issu du web, la production de biens pourrait devenir un des principaux générateurs d’innovation. Une tribune de Renaud Edouard-Baraud, directeur de la veille de l’Atelier BNP.
Réindustrialiser. C’est un des rares points sur lesquels s’accordent les grandes formations politiques. Autre consensus, l’impact du numérique, des magnats du web et des startups, comme facteur de croissance en France et en Europe. Et si l’on mélangeait les deux ?
C’est le créneau d’entreprises comme myfab, Cosyforyou ou IDbyME, qui proposent de personnaliser des vêtements, des accessoires de cuisine, ou de décoration. L’innovation de chacun de ces sites d’e-commerce européens porte principalement sur la personnalisation de ces produits de masse grâce à l’accès presque direct au système de production. Avec IDbyME, il est ainsi possible de « customiser » très profondément des chaussures, des vêtements, et de se faire livrer en moins d’un mois. Une des clés de leur réussite est la proximité des dirigeants de la start-up avec les systèmes de production basés en Asie.
Mais ces réussites mêlant numérique et objets ne se trouvent pas qu’en Asie. Plus près de chez nous, par exemple, Seb, Somfy ou encore Atol les Opticiens, trois groupes bien hexagonaux qui assurent en France une grande partie de leur production pour le marché domestique, travaillent également dans cette direction. Si leurs innovations se concentrent encore surtout sur les produits, elles portent néanmoins de plus en plus sur de nouvelles façons de toucher leurs clients.
Les fondements de ces approches reposent sur le numérique. Le spécialiste de l’électroménager tente ainsi de séduire les amateurs de cuisine non plus seulement avec ses ustensiles, mais également au moyen d’un livre électronique qui agrège des recettes. À terme, les stratèges de l’entreprise de la région lyonnaise imaginent que ce livre sera potentiellement capable de communiquer avec l’électroménager de la marque.
De son côté, Somfy, bien connue pour ses automatismes pour stores, à l’origine spécialisée dans les petits moteurs, s’essaie aussi à cette architecture d’innovation. Également issue des environs de Lyon, l’entreprise s’est lancée depuis 2011 dans le pilotage des systèmes mécaniques depuis une interface web. Oui, c’est de la domotique, mais offrant désormais pour le service après-vente un accès direct au client, même si ce sera au prix de relations à reconstruire avec son circuit de distribution.
Quant à Atol, dont des ateliers se trouvent dans le Jura, il se détache aussi sur des projets de personnalisation partielle des montures de lunettes pilotée par l’internaute. Cette innovation se fait certes en ligne, mais c’est également un moyen de faire revenir les internautes dans les boutiques de la coopérative. La livraison des objets personnalisés, pour être gratuite, se fait en effet en magasin.
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