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TRIBUNE: Iliad / Free promet le WiMax. Coup de bluff ?

Promettre des services d’accès radio WiMax n’est pas une hérésie. Mais avancer un calendrier de quelques semaines ou de quelques mois, ce pourrait être la première promesse gratuite, voire intenable.

La Freebox, avec sa myriade de services et ses débits toujours en avance sur la concurrence pour moins de 30 euros, reste à ce jour une invention géniale propulsée par une équipe d’entrepreneurs gagneurs. Elle a positionné Free au premier rang des ISP ‘triple play’ en France avec son million d’abonnés. Mais pourquoi s’engager sur un service WiMax national dans les semaines à venir? Rappelons ce qui se dit sur cette technologie, née il y a près de 2 ans des cendres de feu la BLR (boucle locale radio), et sur la laquelle, malgré un large consensus apparent, planent quelques nuages de doute : -le WiMax serait au WiFi ce que l’UMTS a été au GSM, son modèle de développement serait basé sur la techno radio mobile datant d’il y a 30 ans, d’où par définition mort né ; -l’appel d’offres WiMax en cours, lancé par l’ARCEP, présenterait le risque d’une réédition du Bip-bop, qui plomba la France de quelques milliards et de quelques années de retard, dans l’accès radio IP économique et populaire pour tous. Revenons, en analysant 3 aspects, sur ce qui pourrait s’apparenter à un coup de bluff: La couverture: ouvrir le Wimax signifie garantir une couverture suffisante annoncée à l’avance sur une zone minimale. Ce qui signifierait l’ouverture opérationnelle de cellules muti-secteurs, couvrant efficacement des zones (sites à vue ou non à vue des antennes) sur un rayon de 10 km -et non 50 ou 70 km comme annoncé initialement : cela implique plusieurs centaines de sites radio installés en propre, reliés au réseau Internet, donc un investissement (CAPEX) en équipements et sites radio (points hauts) de plusieurs centaines de millions d’euros, auxquels il faut ajouter les coûts de maintenance, de servitudes et d’alimentation électrique (OPEX, comparables à ceux des réseaux GSM). Tout cela pour offrir un service WiMax à 0 euro/mois aux utilisateurs, puisqu’ils sont déjà abonnés à un forfait de 29.9 euros/mois? Le WiMax est censé réduire la fracture numérique, et non ajouter, à l’encombrement dans les villes, un énième réseau se superposant à la fibre, au DSL et aux deux autres futurs réseaux WiMax, attribués par la procédure de l’Arcep. Avec sa stratégie WiMax, Free passe d’une structure d’ ‘e-company’ à celle d’une big-telco – avec obligation de déployer et d’opérer un réseau de milliers de cellules – une stratégie très éloignée de son modèle économique et de sa culture d’entreprise actuels, voire incompatible avec eux. N’oublions pas que le service de Free, s’il ne dessert actuellement que 5 % de la population potentiellement, couvre moins encore, en termes de territoire. Or, qui dit licence radio WiMax dit obligation de couverture (90 % du territoire). La réglementation force à assumer les obligations de sa licence -sinon on la perd ! La disponibilité des terminaux: les CPE WiMax (customer premice equipments), ou modules de réception client) coûtaient officiellement 500 dollars l’unité, début 2005. Les puces 802.16, selon Intel, ne sont prévues que pour fin 2008 pour la mobilité PC portable, et pour 2009 pour les mobiles et les PDA. Encore ne seront-elles pas installées en version de base dans tous les PC à cette date, si l’on prend en compte le temps de renouvellement des PC. Ceci étant établi, qu’offrira Free comme moyen de réception à son abonné et à quel prix? Il faudra faire mieux qu’Intel ?? Et l’alternative Mesh? Le ?mesh’, rappelons-le, constitue cet ensemble de réseaux « pervasifs », auto-configurables à base de WiFi, qui sont une réalité et un grand succès aux Etats-Unis, mais aussi ailleurs dans le monde, comme en Europe, par exemple le réseau de la ville de Skopje en Macédoine?.. Ils utilisent la bande libre des 5 GHz (malheureusement indisponible en France, comme en Israël). Ils pourront à terme utiliser en backhalling WiMax [réseau radio fédérateur ou dorsale radio]. Des investisseurs se sont déjà mobilisés, sur nombre de réseaux européens WISP en cours de déploiement. Là, les fréquences sont disponibles, libres ; les points « mesh » ne nécessitent que l’alimentation électrique et quelques points d’entrée Internet. La configuration s’étend dans la ville à l’image de la toile Internet, de façon très économique, répondant ainsi aux nouvelles formes avancées de la diffusion virale, du buzz, de l’intelligence collective, disponible partout et en permanence. C’est de l’Ozone à l’échelle industrielle, et l’ouverture vers un ‘triple play’ enfin nomade à un coût économique -disons 1 euro la journée (très belle application pour le micro-paiement et les logiciels de CRM Linux performants), et non à 10 euros la connexion, comme celle des ‘hot spots’ scandaleusement trustés par les « big telcos » et intrinsèquement non rentables ! Contrairement au WiMax de Free, dans le cas du ‘mesh’, les PC portables, les mobiles et autres Camboo ou PDA existent déjà, ou peu s’en faut. A l’instar de Nokia avec son dernier modèle 6136, les intégrateurs taiwanais, et les manufacturiers chinois, sont dans les ‘starting blocks’, prêts à faire déferler sur nos marchés des mobiles 3GSM-WiFi 802.11 e/g pour 50 euros/l’unité. Ils permettront la VoIP, TV, Internet… et ne laisseront plus aux divers ‘smartphones’ HSDPA que l’exclusivité du dessin animé Bob l’Eponge! (*) Consultant, directeur associé, Pabvision Conseil _______ Un commentaire, une observation ou remarque particulière? Merci de nous écrire:Commentaires à la rédaction

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