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TRIBUNE : Jeux vidéo et Familles de France, un label de trop ?

Les jeux vidéo du commerce ou en ligne pourront se voir apposer un logo ‘Approuvé par Familles de France‘. Ce label apportera à l’acheteur la garantie que le contenu du jeu respectera les critères définis par l’association et le Comité Jeux Vidéo.

Pourtant, un label similaire, le PEGI (Pan European Game Information), existe déjà. Développé par la Fédération européenne de logiciels de loisirs, il a reçu l’aval de la Commission européenne et se subdivise en 5 classes (3+, 7+, 12+, 16+, 18+).

Mais pour l’association, « il convient, somme toute, de noter que ces normes de prévention ne sont que peu respectées à ce jour, et il faut d’ailleurs indiquer que certains jeux vidéo, du fait de leur contenu, semblent difficilement classifiable. »

« Si le jeu vidéo est sans conteste un loisir interactif et multimédia permettant d’occuper ses adeptes durant de nombreuses heures, il peut également présenter des risques, en particulier pour les enfants, par le caractère choquant de certaines scènes. »

Rappelant que le droit a notamment vocation à protéger les mineurs (Code Pénal – article 227-24), l’association établit un constat de carence sur l’efficacité de la PEGI. Elle s’inquiète donc à juste titre de la nécessité d’informer clairement et de prévenir les joueurs ainsi que les familles sur le contenu des jeux vidéo avant l’achat en magasin ou sur Internet.

Pour développer son nouveau label, Familles de France a adopté une qualification binaire : le logo ne sera apposé sur un jeu que s’il respecte intégralement tous les critères stricts qu’elle a prédéfinis, qui sont classés en quatre critères : violence, sexe, stupéfiants, atteinte aux bonnes m?urs.

Face à la profusion et à la diversification des jeux vidéo, l’apposition d’un label unique pourrait présenter une solution simple pour orienter l’acheteur, essentiellement les parents, dans le choix d’un jeu. Sauf que cette simplicité pourrait aussi cacher une dérive qu’impose un système pour le moins manichéen !

Si les actes de violences gratuits, la présence de sang, les actes sexuels, l’incitation à la débauche, l’incitation à l’utilisation, l’achat ou la vente de stupéfiants, le négationnisme ou le révisionnisme, et le racisme sont déjà condamnables en soit, certains critères utilisés stricto senso, ce qui semble être la volonté d’application ‘stricte‘ de l’association, risquent d’écarter des jeux vidéo qui mériteraient pourtant l’intérêt des joueurs, même jeunes.

Car le grand danger de ce type de classification qui n’accorde aucune marge c’est d’assister à un conformisme ‘bien pensant‘, à l’image des dérives américaines, qui incite par exemple la grande distribution à limiter son choix aux seuls produits qui respectent le label.

Certains critères sont d’ailleurs soumis à interprétation, et leur application stricte risque surtout de peser sur la diffusion de produits d’une industrie dont certains acteurs sont en grande difficulté.

Des critères comme l’Utilisation ‘abusive’ d’armes à feu, la présence de personnes dénudées, la présence d’alcool, la perpétration de contravention, l’incitation à la révolte ou la présence de tabac peuvent être interprétés dans des sens plutôt larges.

Faut-il interdire la vente de petites voitures (jouets) sous prétexte qu’un enfant pourrait jouer au gendarme et au voleur, et qu’il ne manquera pas dans sa poursuite de créer des accidents, un acte de violence et d’incivisme notoire ? C’est pourtant ce que Familles de France propose avec son label.

Des éditeurs comme Nintendo ou EA Sports, très orientés vers la famille pour le premier et le sport pour le second, trouveront un intérêt certain à apposer le logo sur leurs jeux. Mais que dire en revanche de l’absence de label sur un jeu comme Burnout Revenche pour sa conduite agressive en milieu urbain, ou Marc Ecko’s Getting Up : Contents Under Pressure qui met en scène des auteurs de graffitis?

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