Les programmes de surveillance mis en place par les gouvernements font peser un risque d’éclatement sans précédent du cyberespace, alerte le World Economic Forum (WEF) dans un rapport publié en amont de la grand-messe économique de Davos qui se tiendra du 22 au 25 janvier 2014.
Les risques de fragmentation d’Internet ont été aggravés par les révélations récentes sur le rôle d’agences de renseignement, observent les auteurs du rapport. La tendance se vérifie en Chine, comme aux États-Unis, « où le gouvernement aurait bénéficié du soutien de la filière IT et d’opérateurs télécoms pour mener ses programmes de surveillance au nom de la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme ».
Dans ce contexte, ajoute le WEF, « les pays sont de plus en plus méfiants à l’égard du gouvernement américain ». Ils sont aussi « plus susceptibles de suivre l’exemple du Brésil ou de l’Union européenne, qui envisagent d’adopter des lois pour s’assurer que les données de leurs citoyens ne quittent pas leur propre territoire » et soient couverts par leurs juridictions respectives.
La coopération internationale en matière de lutte contre la cybercriminalité pourrait en pâtir. Or les cybercriminels les plus aguerris disposent des ressources nécessaires (du Cloud Computing à l’Internet des objets) pour s’attaquer aux infrastructures critiques. Un incident majeur de type « cybergeddon » (défaillance massive des systèmes informatiques) pourrait déclencher un effet domino et déstabiliser profondément l’économie mondiale.
« Internet peut devenir moins résilient, plus fragmenté et moins précieux. La perte de confiance [dans l’écosystème] pourrait être comparée à la perte de confiance vécue par le système financier durant la crise de 2008 », a déclaré Alex Lehmann, directeur des risques chez Zurich Insurance Group, qui a contribué au rapport du Forum économique mondial.
Les préoccupations concernant l’ICANN, le principal organe de gouvernance Internet piloté par les États-Unis, pourraient également favoriser « une balkanisation d’Internet ». Cette tendance se manifeste également dans les entreprises, qui sont plus nombreuses à verrouiller les usages ou restreindre l’utilisation de logiciels dans un environnement clos.
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