Avec iGate, Capgemini devient une SSII. indo-américaine
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Près de 50 % de ses effectifs en Inde, 30 % de son activité en Amérique du Nord. Avec le rachat de la SSII américaine iGate, Capgemini poursuit la transformation de son profil. Quitte à le payer au prix fort.
A l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels, Capgemini a annoncé l'acquisition d'iGate pour 4 milliards de dollars. Cette société américaine basée dans le New Jersey est spécialisée dans les services applicatifs et l'externalisation de processus métiers (BPO). Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 1,3 milliard de dollars en 2014 (en croissance de 10 % sur un an), à 79 % aux Etats-Unis (et seulement 16 % en Europe).
Très présent dans la finance, l'assurance et l'industrie, iGate repose sur un modèle utilisant de nombreux centres offshore. La SSII américaine revendique 7 centres de services sur le sous-continent et la plupart de ses dirigeants sont d'origine indienne. Logique, car la société avait racheté Patni Computer Systems en 2011, une société indienne qui était alors la sixième SSII du pays. Sur les 33 500 salariés de iGate, 27 300 sont situés offshore.
Capgemini and IGATE announce today that Capgemini will acquire @IGATE_Corp https://t.co/zcDaPkmevO pic.twitter.com/8TrxxKQ8Z0
- Capgemini (@Capgemini) April 27, 2015
100 000 personnes offshore
Via le rachat de cette SSII, Capgemini confirme donc son orientation, basée sur une délocalisation massive des activités sur le sous-continent. Une orientation déjà affichée avec le rachat de Kanbay, autre SSII américaine reposant massivement sur des centres offshore en Inde qui a rejoint le groupe français en 2006. Actuellement, 40 % des quelque 147 000 collaborateurs de Capgemini travaillent déjà sur le sous-continent. Avec le renfort de iGate, la première SSII de l'Hexagone va tutoyer le seuil symbolique de 50 % de ses effectifs en Inde. Une barre qui devrait être rapidement atteinte si Capgemini maintient le rythme de ses recrutements sur place (+ 20 % en 2014). La SSII emploie ainsi déjà 26 000 personnes à Bangalore et 23 500 à Mumbaï. Plus globalement, la société dirigée par Paul Hermelin indique qu'avec ce rachat, plus de 100 000 de ses salariés seront localisés dans des centres de service de pays à bas coût.
Amérique du Nord : 75 % d'offshore
Au-delà de ce tropisme indien, le rachat d'iGate permet à Capgemini de renforcer significativement sa présence outre-Atlantique. Dans son communiqué, la société indique que cette opération va doper son activité sur place d'environ un tiers, portant le chiffre d'affaires du groupe en Amérique du Nord à environ 4 milliards de dollars. Avec l'arrivée de clients comme General Electric ou la Royal Bank of Canada. Cela représentera 30 % du chiffre d'affaires global et la première source de revenus du groupe, avec, pour ce marché, un taux d'utilisation des ressources offshore de 75 %. « Le renforcement de la présence du groupe en Amérique du Nord est une des priorités stratégiques de Capgemini, ce marché étant de loin le plus important et le plus innovant dans les domaines de la technologie et des services », assure la SSII dans un communiqué. Rappelons qu'en France, son pays d'origine, la société a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 2,5 milliards d'euros en 2014, dopé par l'intégration d'Euriware. Capgemini reste la première SSII de l'Hexagone, devançant IBM et Atos.
Ce rachat d'iGate peut apparaître comme une réplique à celui opéré par l'autre grande SSII française, Atos, sur le marché américain. En décembre dernier, la société dirigée par Thierry Breton s'emparait de Xerox ITO pour 1,05 milliard de dollars. Une acquisition qui doit porter le chiffre d'affaires d'Atos sur place à 1,7 milliard d'euros. Tout récemment, Atos était citée comme un autre repreneur potentiel de iGate.
Prime de 12 %
Reste la somme que Cap a dû mettre sur la table pour s'offrir iGate : pas moins de 4 milliards en cash, soit environ 25 fois le profit annuel de son acquisition (sur les bases de 2014). Certes, iGate affiche des marges enviables dans le secteur (une marge opérationnelle de 18,7 % en 2014). Mais, d'après les documents financiers de la société américaine, sa marge brute tend à reculer : entre le quatrième trimestre 2013 et le quatrième trimestre 2014, elle a ainsi chuté de 5 points.
La transaction a été approuvée par le conseil d'administration d'iGate ainsi que par ses actionnaires de référence. L'entreprise de Bridgewater, New Jersey, est actuellement détenue à 29 % par le fonds Apax Partner et à 25 % par ses co-fondateurs et co-présidents, Sunil Wadhwani et Ashok Trivedi. Les actionnaires d'iGate, coté au Nasdaq depuis 1996, bénéficieront d'une prime de 12 % par rapport à la moyenne des 30 derniers jours. Capgemini espère finaliser ce rachat au cours du second semestre 2015.
Pour son premier trimestre fiscal 2015, Capgemini a enregistré un chiffre d'affaires de 2,76 milliards d'euros, en progression de 1,5 % à taux de change et périmètre constants, mais de 10,5 % en valeurs brutes. Bien sûr, l'intégration d'Euriware explique en partie cet écart, mais celui-ci provient aussi de l'évolution du dollar et de la livre par rapport à l'euro. Sur ce premier trimestre, la zone Amérique du Nord est déjà la première source de revenus du groupe, devant la France.
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