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L'Iran espionne Internet avec des technologies européennes

Publié par Christophe Lagane le | Mis à jour le

Le Wall Street Journal porte un regard accusateur sur Nokia Siemens Network qui équipe le système de communication iranien et sa solution de surveillance.

Jusqu'où va l'espionnage des communications sur Internet en Iran. Très loin, selon le Wall Street Journal. Le quotidien américain rapporte que le régime iranien a développé « un des mécanismes de contrôle et de censure les plus sophistiqué au monde, permettant d'examiner le contenu des communications en ligne individuelles à une grande échelle ». Les capacités des outils de contrôle dépasseraient largement le simple blocage des sites ou la limitation des accès Internet.

Selon une technique d'inspection des paquets IP (deep packet inspection), les autorités locales peuvent non seulement « regarder » le contenu des communications et en tirer des informations sur leurs auteurs et diffuseurs mais aussi les modifier à des fins de manipulations. Au risque d'ajouter la paranoïa à l'ambiance meurtrière qui agite le pays depuis le résultat des élections présidentielles qui a reconduit Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir.

Quant on sait que le Net reste peut-être le dernier moyen de communication pour les autochtones, notamment depuis le musellement des médias locaux et l'expulsion où l'interdiction d'exercer des journalistes étrangers (notamment celle de la BBC), il y a de quoi s'inquiéter pour la sécurité des contestataires, particulièrement dans un régime qui n'hésite pas à faire feu dans la foule des manifestants.

Le plus regrettable, c'est que les technologies de surveillance du réseau ont été mise au point par des sociétés européennes. Au moins en partie. Toujours selon le WSJ, c'est l'allemand Siemens et le finlandais Nokia (sous la joint venture Nokia Siemens Network) qui auraient délivré, en 2008, le centre de surveillance des réseaux déployé sur l'ensemble du pays. Une publicité dont les deux entreprises se seraient bien passées. Ce système de surveillance faisait parti d'un contrat passé avec l'unique opérateur télécom local et qui comprenait également la mise en oeuvre des services de téléphonie mobile.

Sont particulièrement visées les communications par e-mails, la téléphonie sur IP, les images (fixes et vidéo) ainsi que les contributions aux plates-formes de réseautage, Facebook et Twitter notamment. Selon un ingénieur réseau cité par le quotidien économique, tous les paquets IP sont analysés à travers une recherche automatisée des mots clés puis édités et modifiés, en quelques millisecondes. Mais il est difficile de déterminer si les solutions de Nokia Siemens Network sont directement utilisées pour le contrôle et la manipulation des informations en ligne, souligne le quotidien économique. La surveillance approfondie d'Internet expliquerait éventuellement pourquoi le pouvoir en place n'a pas totalement supprimé les accès.

Il n'en reste pas moins que le WSJ semble porter un regard accusateur sur les technologies européennes « complices » des élans « big brotherien » du pouvoir iranien. Pas plus, après tout, que lorsqu'on on accuse un Google, Yahoo ou Microsoft de complicité avec les autorités chinoises. Qu'en aurait-il été si un Motorola, Cisco ou Lucent (avant sa fusion avec Alcatel) avait remporté le marché? La révélation du quotidien n'en rappelle pas moins que la surveillance du réseau mondial est une réalité aujourd'hui mise en oeuvre par les régimes autoritaires. Mais demain?

A lire : La réponse de Nokia Siemens Networks

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