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Mathieu Weill (Afnic) sur la gouvernance d'Internet

Publié par La rédaction le | Mis à jour le

Gouvernance d'Internet, Règlement des télécommunications internationales (RTI), relations Icann / Afnic. Mathieu Weill, directeur général du registre français, fait le point.

Dans cet entretien, Mathieu Weill, directeur général du registre français Afnic*, revient sur la situation du .fr et s'exprime sur la gouvernance d'Internet ainsi que la signature en décembre dernier par 89 pays sur 144 du nouveau traité relatif au Règlement des télécommunications internationales (RTI).

Silicon.fr - Le .fr se positionne dans le Top 20 des noms de domaine géographiques de premier niveau, mais loin derrière le .de allemand. Comment expliquez-vous cette situation ?

Mathieu Weill - Le .de a acquis cette position très tôt et l'écosystème allemand du numérique est très dynamique. En France, nous avons été prudents au départ et, comme vient de le rappeler le gouvernement, la transition du tissu économique vers le numérique est plus délicate.

Toutefois, le .fr est depuis plus de 5 ans parmi les extensions les plus dynamiques de l'Union européenne (deuxième en 2012 avec plus de 15 % de croissance). Et nous avons l'ambition de maintenir cette dynamique.

La révision du Règlement des télécoms internationales en 2012 à Dubaï a-t-elle donné lieu à la clarification du rôle « numérique » de l'Union internationale des télécoms (UIT) que l'Afnic appelait de ses voux ?

Malheureusement, ce sommet aura in fine été davantage celui de la confusion que de la clarification. Après avoir passé des heures à expurger ce traité télécom des propositions de certains pays qui visaient à conférer un rôle trop important à l'UIT dans la gouvernance de l'Internet, la conférence s'est terminée sur des positions dogmatiques.

L'enjeu s'est résumé à savoir si le mot Internet pouvait apparaître dans le traité ! C'est dommage, car on se retrouve à l'issue de cette négociation avec une fracture nord/sud, riches/pauvres. Ce n'est bon pour personne.

Des pays qui ne partagent pas le même point de vue sur la gouvernance d'Internet, notamment les États-Unis très attachés aux prérogatives de l'Icann, et la France, favorable à « une gouvernance internationale et inclusive », ont refusé de signer le nouveau traité international sur les télécommunications. Pour quelles raisons ?

J'ai compris que les États-Unis étaient sous une pression extrêmement forte de leur secteur privé, qui ne voulait à aucun prix voir mentionner Internet dans ce traité. Mais la violence de l'argumentation de certains acteurs privés américains sur le RTI me laisse circonspect. On aimerait tout de même qu'ils citent les articles incriminés !

Pour la France, je sais qu'elle a déployé d'énormes efforts pour obtenir une signature. C'est plus pour des raisons de principe et de protocole (des amendements arrivés après qu'un accord ait été obtenu) qu'elle a jeté l'éponge, voyant que la guerre de tranchées allait reprendre.

Encore une fois, tout cela est très dommage. Cela donne une impression de division mondiale autour de l'Internet, qui ne reflète ni la réalité, ni ce qui est souhaitable.

À l'heure des nouvelles extensions génériques (gTLD), quelles relations entretiennent l'Afnic et l'Icann ?

L'Icann est le régulateur des nouvelles extensions, aussi nous suivons ses travaux de très près. Nous participons à l'ensemble des travaux de cet organisme avec toujours la même philosophie : rester constructifs et exigeants.

Nous accueillons avec beaucoup d'intérêt l'approche du nouveau CEO, Fadi Chehadé, d'être plus à l'écoute des communautés, plus international et efficace. La rencontre que nous avons organisée entre M. Chehadé et des acteurs français du secteur Internet le 26 février 2013 est une illustration de ce que nous faisons pour renforcer ce dialogue.

*L'Afnic est l'association à but non lucratif en charge de la gestion des noms de domaines de premier niveau (TLD) .fr (France), .re (Ile de la Réunion), .yt (Mayotte), .wf (Wallis et Futuna), .pm (Saint-Pierre et Miquelon) et .tf (Terres australes et antarctiques françaises).

Voir aussi
Dossier Silicon.fr - Internet est-il prêt pour l'?Internet des Objets ?

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