Microsoft engage une restructuration historique
Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Microsoft a amorcé une réorganisation qui impliquera la suppression d'environ 10 000 postes. Quel en est le contexte ?
Un plan d'action qui fera date ? Celui que Microsoft vient d'annoncer se distingue, en tout cas, par l'ampleur des réductions d'effectifs qu'il implique.
Le groupe américain entend supprimer environ 10 000 postes d'ici à fin mars. Il prévoit, en parallèle, des évolutions de son offre hardware. Et une réorganisation immobilière dans l'optique de « densifier » ses espaces de travail.
Coût global de la démarche : 1,2 milliard de dollars, estime Microsoft. L'objectif, dixit Satya Nadella : continuer à délivrer des résultats au jour le jour tout en investissant sur le long terme.
Par « long terme », il faut notamment entendre « OpenAI ». Et plus globalement tout ce qui se rapporte à l'IA. En toile de fond, ce que le patron de Microsoft pressent être « l'arrivée de la prochaine vague majeure de l'informatique ». En conséquence se prépare une réorganisation du capital financier autant qu'humain. Google aussi a remanié ses forces pour consacrer davantage d'efforts à ce segment.
À plus court terme, un constat : les achats technologiques ont crû pendant la pandémie, mais les clients, désormais, « optimisent leurs dépenses [...] pour en faire plus avec moins »... Dans l'absolu, les derniers résultats trimestriels le confirment. Certains indicateurs sont tout du moins en recul. Comme le bénéfice net, annoncé à 17,5 Md$ contre 20,5 Md$ un an plus tôt.
Des optimisations financières de l'Inde à Porto Rico
Dans ce contexte, Microsoft a usé, ces derniers temps, de divers leviers financiers qui n'ont pas directement trait à son coeur d'activité. Il a par exemple transféré certains biens incorporels de sa filiale portoricaine vers les États-Unis. À la clé, une déduction fiscale à hauteur de 3,3 Md$. En Inde, à la suite d'une décision de la Cour suprême interdisant la taxation à la source des ventes de logiciels, il a comptabilisé une réduction d'impôt de 620 M$.
En juillet dernier, à l'amorce de son exercice fiscal actuel, Microsoft a porté de quatre à six ans la durée de vie de ses équipements serveur et réseau. Sur la base de son infrastructure d'alors, il estimait pouvoir dégager 3,7 Md$ supplémentaires de résultat opérationnel sur la première année.
Microsoft reste dans le collimateur du fisc américain, pour la période de 2004 à 2017. Régulièrement, le groupe est sujet à des régularisations. Sur son exercice 2021, il s'est acquitté, à ce titre, de 1,7 Md$. Sont notamment scrutés ses prix de transfert. C'est-à-dire ceux auxquels ses entités se facturent des biens et services.
Nokia : bientôt dix ans
Au 30 juin 2022 (fin de son année fiscale), Microsoft employait 221 000 équivalents temps plein. Dont 122 000 aux États-Unis. L'effectif se répartissait ainsi :
85 000 personnes sur l'opérationnel (fabrication, distribution, support, conseil)
73 000 en R&D
47 000 en commercial/marketing
16 000 en services support
Sur le volet immobilier, la situation était la suivante :
En remontant le temps, la dernière restructuration significative dont on trouve trace est officialisée en mai 2016. Elle concerne l'activité smartphones. Et induit la suppression de 1850 postes, dont 1350 en Finlande. Coût estimé : 950 M$.
Cette initiative faisait suite à une autre dans le même domaine. Annoncée à l'été 2014, elle avait également entraîné des licenciements. Microsoft avait acquis Nokia Devices and Services quelques mois plus tôt et cherchait à l'intégrer dans sa stratégie globale.