Piratage: le P2P blanchit par une étude
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Des chercheurs de deux universités américaines sont formels: le peer-to-peer ne nuit pas aux ventes de disques. Un constat qui remet en cause la stratégie repressive des Majors
Les véritables experts du monde de la musique le savent bien: le P2P, c'est à dire les plate-formes illégales de téléchargement de mp3 type Kazaa, n'est pas le seul coupable dans la baisse mondiale des ventes de disques. Une vision opposée à celle de l'Industrie qui estime que les 30% de repli sont dus essentiellement aux internautes téléchargeurs. D'où une série de plaintes, de procès, de pressions.
Mais une étude menée par des chercheurs de deux grandes universités américaines contredit cette vision simpliste. Sa conclusion sonne comme un défi: « l'échange de fichiers n'a que des conséquences limitées sur les ventes de disques », estiment Felix Oberholzer-Gee de la Harvard Business School et Koleman Strumpf de l'université de North Carolina-Chapel Hill. « L'impact économique est également faible », ajoutent-ils. Les universitaires ont recueilli les données de téléchargements effectués entre septembre et décembre 2002 sur deux serveurs d'échange. 1,75 million de téléchargements au total ont été comptabilisés. Ils ont comparé les chansons concernées avec les ventes hebdomadaires des albums sur lesquels elles figuraient. La RIAA conteste « Tandis que les téléchargements se font à grande échelle, la plupart des utilisateurs sont principalement des individus qui n'auraient pas acheté l'album, même si les systèmes d'échange n'existaient pas », indiquent-ils. Voila de quoi fortement énerver la RIAA, la puissante association des maisons de disques US qui multiplient depuis quelques mois les procès contre les utilisateurs de P2P. « Bon nombre de groupes et d'analystes reconnus, dont Edison Research, Forrester, l'université du Texas, ont conclu aux conséquences négatives du partage illégal de fichiers sur les ventes de CD », s'est contenté de déclarer dans un communiqué Amy Weiss, porte-parole de la RIAA. Néanmoins, l'analyse de ces chercheurs rejoint l'étude québécoise IT Innovations & Concepts menée par Digital Intelligence Centre publiée il y a quelques mois. Elle montre que les fichiers Mp3 concernent seulement 13,9% du piratage. On est loin des visions apocalyptiques avancées par la RIAA. Le P2P coupable idéal En effet, les Majors oublient de mettre en avant plusieurs raisons qui, avec le piratage, expliquent aussi la baisse des ventes d'albums. Le CD, après 20 ans d'existence, est un support qui, en tant que tel, est en bout de course. L'Industrie doit imaginer de nouveaux supports plus séduisants comme les CD-DVD afin de séduire surtout les jeunes. Il y a par ailleurs le prix des CD jugé trop élevé par les consommateurs. D'ailleurs, une baisse massive des prix opérée par Universal aux USA a permis, très rapidement, aux ventes de se redresser. Enfin, il serait temps de remettre en cause la politique éditoriale des maisons de disques. En effet, depuis plus de dix ans, les Majors misent beaucoup plus sur le marketing et le court terme, avec des productions formatés et « jetables », plutôt que sur la création et le long terme. Une vision partagée par de nombreux éditeurs indépendants. Conclusion, les Majors feraient mieux de se pencher sur ces véritables problématiques et passer un peu moins de temps à poursuivre les internautes qui sont aussi. ses principaux clients. Encore une série de plaintes..
La RIAA multiplie les procès, la Canada envisage de même, la Grande-Bretagne lance une série de plaintes (voir notre article). Mais ce n'est pas tout.
La Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI) a annoncé ce mardi à Londres le lancement d'une vague d'actions en justice dans quatre pays. Les poursuites ont été lancées contre 247 personnes, au Canada, en Italie, au Danemark et en Allemagne, a déclaré Jay Berman, PDG de l'IFPI, lors d'une conférence de presse téléphonique. Les poursuites concernent « des gens qui téléchargent vers leur serveur des centaines, voire des centaines de milliers de fichiers », explique la Fédération. Il ne s'agit pas de personnes qui téléchargent quelques morceaux de musique, a-t-elle précisé.