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TRIBUNE : Dassault Systèmes voit notre futur en 3D

Au delà de l'annonce de 3DLive, Dassault Systèmes nous ouvre une porte sur ce que sera notre futur numérique, en 3D. Mais la technologie ne suffira pas, encore lui faut-il exorciser les vieux démons du monde des solutions propriétaires

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TRIBUNE : Dassault Systèmes voit notre futur en 3D

La démonstration est spectaculaire et enlève l'adhésion. 3DLive se présente comme une page web dynamique et collaborative intuitivement ouverte sur le monde de la CAD (Computer-aided design) en 3D.

Une recherche dans les bases de données de l'entreprise, un clic sur un objet, par exemple une voiture, et celle-ci s'affiche sur un plateau tournant. Un double clic et elle s'éclate en divers composants (châssis, carrosserie, moteur, etc.). Encore un double clic sur un composant, et c'est sa nomenclature de pièces qui continue de défiler, jusqu'à la pièce recherchée, et toujours en 3D.

S'il n'y avait que cela, 3DLive ne serait qu'un 'viewer', un outil de visualisation en ligne, certes performant mais réservé à des experts. A un détail près qui entrouvre un nouvel espace de liberté, la navigation traditionnelle au sein de la lourde nomenclature textuelle des composants d'un objet laisse la place à une navigation autrement plus intuitive et riche, de l'objet assemblé vers ses pièces, le tout composé en 3D.

Mais 3DLive, c'est également un compas qui affiche quatre directions : un clic au Nord et ce sont tous les collaborateurs qui ont participé à la conception de la pièce qui s'affichent. Associée à une messagerie d'entreprise de type Lotus Sametime d'IBM ou Exchange de Microsoft, et c'est le monde du collaboratif en ligne qui s'ouvre.

Un clic à l'Ouest et ce sont les modifications du composant qui s'affichent. Un clic au Sud pour accéder aux versions. Quand à la direction de l'Est, elle est réservée à ce que l'entreprise souhaite placer ici. La fiche du produit ou la feuille de travaux par exemple.

A la différence de ses concurrents, qui exportent un document unique intégrant les représentations 3D (comme Acrobat 3D ou un Office 2007 en mode XML), 3DLive est un service SOA (architecture orientée services web) qui offre à accès à toutes les bases de données que l'entreprise ouvre à ses collaborateurs et partenaires, tous les processus (physique, logique et fonctionnel). La richesse du produit est donc sans équivalent.

« Nous proposons d'utiliser la 3D comme point d'accès unique à l'information« , commente Dassault Systèmes. « La 3D est au c?ur de la recherche, elle remplace le naming, la conversion du naming et le texte. »

En quoi cela va-t-il révolutionner notre vie ?

Il suffit d'imaginer - car en la matière seuls l'imagination et les ressources financières que l'on est prêt à lui accorder posent des limites - un centre commercial dont la représentation en 3D est accessible via une simple connexion au web.

L'utilisateur pourra circuler physiquement de la représentation globale du centre dans les étages, les magasins, les rayons. Et d'un simple clic connaître les vendeurs, les produits, les prix, la disponibilité, les dates de péremption, etc. Et tout cela en 3D, des enseignes aux emballages, en passant par les gondoles.

Avec 3DLive, l'ensemble de ces données provient des bases de données de l'entreprise. Il ne s'agit pas comme dans un monde virtuel de récréer une fausse réalité. L'outil n'est pas destiné à cela.

Il propose en revanche une expérience nouvelle, visuelle, qui ouvre un accès pertinent et intuitif aux données de l'entreprise. Pour le moment réservé aux applications de Dassault Systèmes - Catia, Delmia, Simulia, SolidWorks, Enovia, etc. - il va également s'ouvrir aux solutions concurrentes.

« Nous sommes multi-CAD et multi-PLM« , nous confirme l'éditeur, qui proposera des connecteurs dès 2008.

Mais pour autant allons nous assister à la fin des plans ?

Dans une intervention remarquée, la SNECMA qui teste le produit depuis plusieurs mois a indiqué que 3DLive permettait d'envisager « l'adoption d'une nouvelle philosophie de fonctionnement dans l'entreprise et avec ses partenaires. Il n'est pas besoin de formation, l'interface machine est simple pour partager la même information et échanger des idées innovantes. »

Et d'affirmer : « Nous allons éliminer le plan papier et les vues 2D dès 2010. »

Projet ambitieux, que 3DLive permet? en théorie. Tout comme ses grands concurrents, Acrobat 3D d'Adobe ou encore Arbortext 3D de PTC. Sauf que ces acteurs continuent de souffrir du syndrome du monde propriétaire.

Dans le cas de 3DLive de Dassault Systèmes, cela se traduit par un ticket d'entrée exorbitant. Avec une licence à 1.000 euros par utilisateur nommé, même avec une dégressivité au volume, le prix d'entrée est plutôt élevé, et surtout très loin d'offrir un accès à une universalité qui pourtant habillerait bien volontiers ce produit.

Les grands éditeurs souffrent tous de ce syndrome. Comment changer de modèle lorsque la culture de l'entreprise est toute orientée vers la vente de licences ? La 3D va révolutionner notre façon d'appréhender le monde, encore faudra-t-il la rendre accessible?

C'est bien là le paradoxe de nombre d'innovations : elles rendent le monde plus accessible et de manière plus intuitive, mais elles restent réservées à une portion congrue de riches utilisateurs. 3DLive, pour novatrice que soit la solution et son potentiel d'application, n'y échappe pas !

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