Wall Street révèle les dessous de la bulle Internet
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Les révélation de la SEC, gendarme de la Bourse new-yorkaise, éclairent sur les pratiques qui ont conduit à certains désastres
Retour sur l'accord amiable signé ce 28 avril entre la SEC, le gendarme de Wall Street, un procureur et une dizaine d'acteurs de la Bourse new-yorkaise mis sur la sellette Avec quelques jours de recul, les analystes et éditorialistes s'en donnent à coeur joie: ils nous décrivent, par le menu, l'ampleur des dysfonctionnements qui ont marqué les bourses occidentales, et en particulier Wall Street, au plus fort de la bulle Internet ces trois dernières années.
Des exemples précis viennent illustrer les mécanismes qui ont permis des spéculations frauduleuses ou autres manipulations auxquelles se sont livrées sociétés de conseil de placement en Bourse et banques d'affaires.(cf. nos informations des 29 et 30/04) Les collusions ont été évidentes. Ainsi, Le Monde de ce 6 mai rappelle cette pratique d'un « coupable mélange des genres entre une analyse, censée éclairer les choix des investisseurs, et une activité de banque d'affaires« . Ces banques conseils se sont rémunérées grâce à des missions d'introduction en Bourse ou des levées de fonds pour augmentation de capital, etc. « Mais, souligne le quotidien, les milliers de pièces [à conviction] de l'enquête (.) prouvent l'énormité du scandale » Ainsi, chez SSB (Citigroup), chez Morgan Stanley, « les analystes, parfois rémunérés en fonction du chiffre d'affaires qu'ils rapportaient, étaient devenus des apporteurs d'affaires pour les banquiers« . Car ces mêmes analystes incitaient vigoureusement des investisseurs individuels à financer des opérations sur lesquelles, eux, les conseillers financiers, étaient commissionnés. Le Monde donne un exemple: une start-up dans les télécoms, Focal, a permis au banquier-conseil SSB d'empocher 11,8 millions de commissions alors que la jeune pousse perdait 105 millions de dollars en 2000. Or, « les analystes de SSB ont continué de conseiller la valeur à l'achat jusqu'au 12 août 2001, alors qu'en privé, Jack Grubman, analyste-vedette sur les télécoms, affirmait que la valeur ne vaudrait bientôt plus rien« . Les dirigeants de ces grands établissements étaient directement impliqués. Ainsi, le même Jack Grubman était « la cheville ouvrière des relations perverties entre banquiers et analystes. En interne, nombre de ses subordonnés ou de ses collègues contestaient pourtant son mélange des genres. » Résultat:une amende de 15 millions de dollars et une interdiction d'exercer à vie! Avec toutes ces pièces à conviction (publiées sur un site public: www.oag.state.ny.us), on s'attend à ce que des dizaines d'investisseurs se portent partie civile et entament des poursuites judiciaires.