Azure : Microsoft et le CISPE sur la voie d'un accord ?
Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Le litige entre Microsoft et le CISPE approcherait d’une résolution à l’amiable. Rappel des grandes lignes de l’affaire.
Vers un accord amiable entre Microsoft et le CISPE ? Ce dernier ne nie pas l’idée qu’on s’en approche, mais tempère : les discussions restent en cours.
La preuve par la calculatrice Azure
Voilà bientôt deux ans que le lobby – qui représente une trentaine de fournisseurs cloud européens… et AWS – a porté plainte auprès de la Commission européenne. Principal motif : les barrières que Microsoft aurait posées à l’utilisation de ses logiciels sur des clouds concurrents.
Ces barrières sont d’ordre technique, mais aussi tarifaire. Il suffit d’utiliser la calculatrice Azure, affirmait récemment le CISPE.
L’association avait livré, à cette occasion, des exemples chiffrés pour Windows 10/11 et SQL Server. Sur le premier point, elle avait mis en avant le multisession cinconscrit à Azure. Et les coûts d’infrastructure (nombre de VM nécessaires) qui en résultent lorsqu’on déploie ailleurs.
Sur le deuxième, elle avait déploré des coûts 17,7 % plus élevés pour utiliser des licences SQL Server Enterprise hors du cloud de Microsoft.
Qui dit hyperscaler dit Software Assurance
L’étau avait commencé à se resserrer en 2019. Microsoft avait imposé une souscription à la Software Assurance pour bénéficier de la mobilité des licences on-prem sur les services de cloud privé de quatre « fournisseurs listés » : lui-même, Alibaba, Amazon et Google – les offres VMware des uns et des autres étant incluses dans le périmètre. Cette obligation ne s’était jusque-là appliquée qu’aux clouds publics.
Sans Software Assurance, on ne pouvait donc plus déployer que chez soi (et sans certaines fonctionnalités), chez un fournisseur « non listé »… ou, pour Windows 10/11, sur Azure Virtual Desktop.
En août 2023, quelques jours après que l’UE eut ouvert une enquête formelle sur ses pratiques concernant Teams, Microsoft avait fini par accorder une exception au DaaS Amazon WorkSpaces pour certaines licences de sa suite bureautique cloud (E3, E5, A3, A5, Business Premium), ainsi que Project et Visio. Cela n’a pas empêché AWS de maintenir la pression. À travers le CISPE, mais aussi individuellement. En particulier dans le cadre des investigations de l’autorité de la concurrence britannique*.
OVHcloud avait ouvert un premier front
Entre-temps, Microsoft avait fait d’autres concessions. Avec, en toile de fond, une plainte d’OVHcloud à laquelle s’étaient joints Aruba et la Danish Cloud Community. Il s’était engagé sur cinq grands principes. Dont celui de « soutenir les fournisseurs de solutions cloud européens ».
Initiative associée : une ouverture plus large du programme Cloud Solution Provider, avec un accompagnement à l’hébergement de produits traditionnellement commercialisés pour un usage sur site (entendre : Windows 11 et Microsoft 365 Apps for business/enterprise).
Dans la pratique, cela donne la possibilité aux CSP de proposer Windows et Office dans le cadre de leurs propres offres de bureaux virtuels. Tout en les autorisant à fournir ces offres aux clients qui achètent leurs licences chez d’autres partenaires Microsoft.
Côté client final, les conditions de la Software Assurance ont évolué pour permettre l’utilisation des licences on-prem « chez tout CSP européen comme sur Azure », que l’infra soit dédié ou partagée.
La plainte d’OVHcloud remontait à l’été 2021. On n’en avait eu connaissance qu’en mars 2022. Un an plus tard, le dossier fut clos à l’amiable, sans qu’aucune partie communique les termes de l’accord.
Une situation qu’avait regrettée le CISPE. Ses membres s’inquiétaient alors, entre autres, du manque de clarté sur le programme CSP Hoster, remplaçant du programme QMTH (Qualified Multitenant Hosting). Leur crainte : devenir de « simples revendeurs » tandis que Microsoft établirait un lien direct avec les clients finaux.
Le lobby disait alors espérer des « progrès substantiels » d’ici au premier trimestre 2024.
* En réponse, Microsoft a estimé que ses concurrents hyperscalers ont déjà les ressources et les capacités pour être compétitifs sur ce marché.
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