Computer Associates: ennuis, suite et OPA sur Niku
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Le gendarme américain de la bourse a repéré de nouvelles malversations comptables. L'éditeur doit à nouveau revoir les bilans des cinq dernières années. Ce qui n'empêche pas l'éditeur de lancer une OPA de 350 millions de dollars sur son compatriote Niku
L'éditeur américain Computer Associates n'est pas sorti d'affaire. Loin de là. Déjà embourbé dans un scandale comptable qui lui a valu une amende de 225 millions de dollars, le groupe doit aujourd'hui subir un nouvel assaut de la SEC, le gendarme américain des marchés boursiers.
La Securities and Exchange Commission vient de s'apercevoir que l'entreprise a intégré à ses bilans financiers une dizaine de contrats sur la période de 1998 à 2001 qui n'auraient aucune valeur. Le communiqué est sans appel: « Ces contrats ne semblent pas avoir été signés dans des conditions normales ni être valides sur le plan commercial. L'entreprise a établi que des anciens membres de l'équipe de direction, et d'autres personnes, qui ne font plus partie des effectifs, ont pris part à ces négociations et les ont approuvées ». 15 jours pour réagir Computer Associates dispose désormais d'un délai de quinze jours pour faire le ménage et transmettre les bilans à la commission. En 2003-2004, CA a subi une enquête de la SEC et du ministère américain de la justice pour fraude comptable. Outre l'amende de 225 millions de dollars qui a permis un réglement à l'amiable, Sanjay Kumar, ancien p-dg du groupe a été inculpé. Il risque pas moins de 100 ans de prison. CA est accusé de fraude comptable sur deux exercices. L'entreprise a reconnu ces manipulations portant sur 2,2 milliards de dollars. En avril 2004, plusieurs cadres du groupe ont été licenciés. Trois anciens managers, dont l'ancien directeur financier, ont reconnu leur responsabilité dans ce dossier. Ils ont admis que la compagnie avait cherché à dissimuler des pratiques d'imputation rétroactive du chiffre d'affaires. L'objectif était alors d'atteindre, à tous prix, les prévisions de chiffres d'affaires et de résultat attendues par les milieux boursiers de Wall Street. En juin, Sanjay Kumar annonçait son départ sans admettre sa responsabilité dans le scandale. OPA amicale Autre mauvaise nouvelle, les derniers résultats trimestriels de CA sont mitigés. Le groupe a fait part d'un résultat net en repli à 17 millions de dollars, contre 89 millions de profits l'an passé, à la même époque. Le chiffre d'affaires a augmenté de 7% à 910 millions de dollars. Les recettes d'abonnements non différées, un indicateur des nouveaux contrats signés dans le trimestre, ont augmenté de 84% à 1,54 milliard de dollars. Pour le premier trimestre de son nouvel exercice, Computer Associates table sur un bénéfice de 21 à 22 cents par action hors provisions exceptionnelles, un bénéfice net de 10 à 11 cents et un chiffre d'affaires de 910 à 930 millions de dollars. Ces tristes nouvelles n'empêchent pas Computer Associates de relancer ses acquisitions. L'éditeur annonce avoir déposé une OPA amicale de 350 millions de dollars sur son compatriote Niku, spécialisé sur le marché en forte croissance de la gouvernance informatique et des outils d'administration. CA propose 21 dollars par action Niku, ce qui constitue une prime de plus de 27% par rapport au cours de clôture de 16,50 dollars de Niku ce mercredi 8 juin sur le Nasdaq. Niku, qui emploie 290 salariés, a vu son chiffre d'affaires augmenter de 45% au cours de son dernier exercice fiscal. La transaction devrait être effective d'ici à trois mois. La feuille de route de John Swainson
Computer Associates prépare une mue importante. Après le départ de son fondateur, Charles Wang et de son successeur, Sanjay Kumar, l'éditeur de solutions d'administration de systèmes doit sortir d'une grave crise. Il fallait un chevalier blanc.
Nommé il y a cinq mois, John Swainson est donc attendu au tournant. Et le big boss compte prendre des mesures radicales afin de redonner au groupe son éclat d'antan. Dans un entretien accordé à La Tribune, l'ancien directeur d'IBM concède: « Il y a beaucoup à faire ». « En arrivant, j'ai trouvé une organisation très fragmentée dont il faut reconnecter les différents éléments. Ainsi, l'efficacité de la R&D n'est pas optimale car les chercheurs ne connaissent pas réellement les besoins du marché. En outre, CA n'a pas une gestion performante de ses relations clients ». Le constat est sévère. L'éditeur a d'abord été réorganisé en 5 unités, associées à la recherche et au développement. Le nouveau p-dg veut également mettre l'accent sur le marketing et les services. Mais surtout, il s'agit de simplifier un portefeuille de produits très vaste, et trop complexe. « Pour le moment, nous devons maintenir toutes nos lignes de produits par engagement envers nos clients. Mais peu à peu, nous allons réduire le portefeuille et nos investissements vont se concentrer sur la sécurité et la gestion des infrastructures technologiques », explique John Swainson.