Contre la NSA, Merkel va proposer à Hollande de faire réseau commun
La chancelière allemande, attendue à Paris mercredi, va proposer à la France de bâtir un réseau européen évitant le transit de données européennes aux Etats-Unis. Un projet qui renvoie au programme de réseau national de Deutsche Telekom, Clean Pipe.
Attendue en France mercredi, Angela Merkel, la chancelière allemande, a prévu d'évoquer avec François Hollande la construction d'un réseau européen évitant que les données personnelles des citoyens de l'Union ne transitent par les Etats-Unis. Un dialogue entre les dirigeants qui renvoie, évidemment, aux révélations d'Edward Snowden sur les écoutes massives pratiquées par la NSA américaine. Y compris aux dépens de leurs alliés. Rappelons que le propre téléphone portable d'Angela Merkel aurait été écouté par l'agence de Fort Meade.
Dans son podcast hebdomadaire, la chancelière dit désapprouver l'attitude d'entreprises comme Google et Facebook, qui basent leurs opérations dans des pays offrant de faibles niveaux de protection des données, tout en étant commercialement actifs dans des Etats disposant de réglementations plus protectrices, comme l'Allemagne. Une déclaration qui montre que les dirigeants européens entendent inciter les grands services du Cloud, majoritairement américains, à héberger les données des clients européens sur le Vieux Continent. Donc à y installer des infrastructures. Récemment, Salesforce a annoncé son intention d'ouvrir un datacenter en France en 2015.
L'Elysée a confirmé à Reuters l'existence d'un dialogue avec Berlin sur le sujet et se dit en accord avec les propositions de son homologue d'outre Rhin. « Nous devons faire mieux pour la protection des données en Europe, il n'y a aucun doute là-dessus », a expliqué Angela Merkel.
Hollande à Obama : la NSA, c'est du passé
Les écoutes de la NSA ont provoqué de nombreuses réactions outre-Rhin, où ce type de pratiques est aussi sensibles à l'Est (du fait de la surveillance de la Stasi) qu'à l'Ouest (celle du régime nazi). En France, si François Hollande a (très légèrement) haussé le ton face à l'allié américain lors du conseil européen sur le numérique en octobre dernier, il a joué la réconciliation avec Barack Obama lors de son récent déplacement outre-Atlantique. « Nous avons établi une clarification entre le président Obama et moi-même sur le passé et travaillé à une coopération qui puisse permettre de lutter contre le terrorisme et en même temps de respecter des principes », avait expliqué le président français. Et ce, malgré la réformette de façade dégainée par le président des Etats-Unis, essentiellement pour calmer la grogne émanant des industriels IT américains.
La déclaration de la chancelière Merkel renvoie au projet Clean Pipe de l'opérateur allemand Deutsche Telekom. Dévoilé à l'automne 2013, en réponse aux écoutes généralisées de la NSA, ce programme vise à assurer un périmètre de sécurité aux données qui transitent sur le réseau de Deutsche Telekom en les conservant sur le territoire national. L'idée est de s'appuyer sur un réseau «?étanchéifié?» sur lequel les services de firewall et de messagerie sécurisée des entreprises seront déportés de leurs serveurs vers ceux de l'opérateur. Un projet de longue haleine qui nécessite des investissements dans l'infrastructure, notamment en équipant les clients de nouveaux routeurs. Lesquels sont fournis par l'équipementier allemand Lancom Systems. Du fait de leur provenance, ces routeurs sont supposés être exempts de toute backdoor et autres vulnérabilités exploitées par la NSA.
En janvier, l'opérateur allemand assurait que les premiers déploiements auraient lieu dès mai prochain. Avant de s'étendre à l'ensemble du réseau de Deutsche Telekom vers la fin 2015 ou début 2016.
crédit photo © Ekaterina Pokrovsky - shutterstock
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