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France : la TV mobile aura un an de retard, la faute aux conflits d'intérêts

Opérateurs et chaînes de TV n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le modèle économique

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France : la TV mobile aura un an de retard, la faute aux conflits d'intérêts

Tout semblait prêt pour un lancement à court terme de la TV mobile diffusée (TNT mobile ou hertzienne). Tout le monde s'accorde autour de la norme DVB-H (excepté Alcatel qui pousse une solution hybride avec le satellite), les terminaux sont prêts et les fréquences devraient bientôt être libérées via la nouvelle loi sur la TV du futur en cours d'adoption.

Il faut dire que la télévision mobile actuelle, pour le moment diffusée en streaming (flux constant) sur les réseaux UMTS des opérateurs, se heurte à un mur. En effet, le flux de télévision utilise les réseaux des opérateurs, des réseaux point à point qui saturent lorsqu'un nombre important d'utilisateurs regarde ces programmes simultanément. D'où l'intérêt de la télévision mobile diffusée qui utilise les ondes hertziennes.

Les plus optimistes s'attendaient à un lancement à l'automne 2007 et une couverture quasi totale du territoire pour 2008-2009. Mais le démarrage de la TV Mobile (toutes les études montrent que les consommateurs attendent impatiemment un tel service et sont prêts à payer pour) est impacté par de fortes divergences de vues entre les acteurs de la TV et ceux du mobile.

Conséquence, il faudra attendre 2008 pour que la TNT mobile devienne une réalité. Et encore. Pas avant l'été, estiment les opérateurs.

Comme nous l'expliquions en novembre dernier, les conflits d'intérêts autour du modèle économique entre opérateurs et groupe audiovisuels bloquent le processus. En novembre, une étude d'OC&C s'alarmait déjà de cette situation. Mais en six mois, rien n'a changé, chacun a campé sur ses positions provoquant le retard de la France en la matière. En Italie par exemple, le DVB-H est une réalité depuis presque un an.

Le problème est simple. Les chaînes de TV plaident sur un modèle économique basé sur le gratuit et financé par la publicité. Les opérateurs mobiles, dont les investissements réseaux ont été colossaux, exigent un modèle payant. Ils sont d'autant plus pour le payant que toutes les études montrent que les abonnés sont prêts à débourser plusieurs euros par mois pour accéder à la TV mobile.

« La publicité ne pourra pas être le financeur intégral du réseau, elle financera au maximum à 30%« , explique à l'AFP Catherine Le Drogo Ferrari, directrice des offres multimédia mobile d'Orange.

Mais les différences sont profondes. Chez SFR on estime que « personne n'y gagnera » si les discussions n'avancent pas. C'est pourtant bien ce qui se passe.

« Chacun défend ses intérêts propres qui ne vont pas dans le sens du marché. Les opérateurs penchent vers un modèle payant, veulent produire leurs propres contenus et sont partisans d'une couverture indoor. Les chaînes de TV sont tentées par le modèle gratuit et font pression pour éviter une couverture indoor qui viendra concurrencer la TV classique. Les opérateurs de diffusion ont des réticences à amorcer la pompe: 300 millions d'investissements pour couvrir deux tiers de la population en cinq ans », explique Michel Sasportes, consultant pour OC&C.

En d'autres termes, chacun essaye de tirer la couverture à soi avec des stratégies individualistes.« Ce qui est une erreur fondamentale », souligne le consultant.

Le cabinet plaide pour le modèle payant soutenu par les opérateurs.« Le scénario de la rivalité entre les acteurs, qui semble émerger, sera beaucoup moins profitable que le modèle collaboratif. Ce modèle englobe la gratuité du service, une couverture limitée, une concurrence entre la 3G et le DVB-H et peu de chaînes. Le modèle collaboratif s'appuie sur un service payant, une couverture indoor étendue, des accords de partage de revenus et un nombre important de chaînes », explique Jean-Michel Cagin, consultant d'OC&C.

Dans un modèle coopératif payant, la TV mobile devrait toucher 6 millions de clients en 2016 pour un chiffre d'affaires de plus de 500 millions d'euros qui doublera en 4 ans, selon les calculs du cabinet. « Mais si le modèle de rivalité s'impose, les revenus générés seront très bas, la publicité ne compensera pas le coût d'une offre gratuite », prévient le consultant.

Promise à un bel avenir, la TV mobile en DVB-H semble bien mal partie, les acteurs de cette comédie prenant un malin plaisir à se tirer dans les pattes.

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