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IaaS : Google, plus "visionnaire" que les autres ?

Dans le Magic Quadrant du cloud public d'infrastructure, Google connaît une progression sans égale chez les "leaders" sur le critère "vision". À quels titres ?

Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
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IaaS : Google, plus 'visionnaire' que les autres ?
© Elnur Amikishiyev

IA, souveraineté et soutenabilité environnementale, trois aspects "visionnaires" dans le cloud public d'infrastructure ?

Dans le Magic Quadrant consacré à ce marché, Google est en tout cas le seul des "leaders" à avoir droit à des bons points sur tous ces éléments... et le seul à progresser sensiblement d'une année sur l'autre sur l'axe dit "vision".

Cet axe, prospectif, est centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre axe traduit capacité à répondre effectivement à la demande ("exécution" : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).

Sur l'axe "exécution", la situation est la suivante :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1AWS=
2Google+ 1
3Microsoft- 1
4Oracle=
5Alibaba Cloud+ 1
6IBM- 1
7Huawei Cloud=
8Tencent Cloud=

Sur l'axe "vision" :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1Microsoft=
2Google+ 1
3AWS- 1
4Oracle=
5Alibaba Cloud+ 1
6Huawei Cloud+ 2
7IBM- 1
8Tencent Cloud- 1

Les "leaders" sont les mêmes que l'an dernier : AWS, Google, Microsoft et Oracle. Grâce à sa progression en exécution, Alibaba Cloud passe chez les "challengers". Huawei Cloud, qui avait rétrogradé en 2023 chez les "acteurs de niche", y reste malgré sa progression en vision.

AWS, salué ni sur l'IA, ni sur la souveraineté

L'an dernier, Gartner avait salué la largeur et la profondeur du catalogue d'AWS. Qui, expliquait-il, influençait souvent le marché dans l'établissement des standards et des grilles tarifaires. Le cabinet américain avait aussi apprécié l'écosystème de partenaires (marketplace comprise) et l'innovation hardware (avec, comme symboles, les cartes Nitro et les chipsets Arm maison).
Cette année, Gartner met en avant l'historique d'AWS et la résilience autant que la fiabilité de son architecture. Autres points forts : le niveau de support (équipes d'architectes spécialisés sur des stacks, des secteurs et des workloads) et l'expérience développeurs (davantage de SDK que chez les concurrents, avec un bon support).

En 2023, Gartner avait pointé une trop grande emphase d'AWS sur le lift & shift. Ainsi que le manque d'outils et de conseils touchant directement aux cas d'usage multicloud.
Cette fois, AWS a droit à un mauvais point quant à la complexité de ses interfaces. L'autonomie qu'il donne aux équipes de développement augmente la cadence de livraison, mais ne favorise pas une conception uniforme. Gartner note aussi l'adoption limitée des modèles d'IA maison - et leur non-compétitivité sur des benchmarks comme MTEB. Il relève aussi un nombre limité d'offres souveraines par rapport à ce que propose la concurrence.

Google : points d'interrogation sur la résilience et l'IT "traditionnelle"

L'an dernier, Google eut la meilleure note du Magic Quadrant sur le critère de soutenabilité environnementale. Gartner avait aussi apprécié les outils IA du groupe américain et sa capacité à intégrer ses propres modèles dans ses services. Il avait également noté une application des principes de design plus cohérente que chez les concurrents (les ingés cloud trouvant, en conséquence, les API plus faciles à utiliser).
Cette année, Gartner salue les capacités de Vertex AI et d'Apigee, tout en relevant le niveau d'intégration de l'IA dans les offres de bases de données. Sur le volet environnemental, Google a à nouveau la meilleure note. En matière de souveraineté, son offre Assured Workloads, en particulier, lui vaut un bon point. Ainsi que le portefeuille GDC ("cloud distribué").

En 2023, Gartner avait pointé l'intégration minimale du cloud public d'infrastructure avec les autres produits du groupe, dont Google Workspace. Il y avait ajouté une maturité inégale chez les partenaires... et la tendance à lancer des previews sans s'engager sur une date de disponibilité globale.
Cette dernière remarque est toujours d'actualité. Elle s'inscrit dans un point de vigilance plus global : une compréhension "incomplète" des besoins "traditionnels" (architectures non natives au cloud). Autre point à surveiller : la résilience. Google a entrepris une isolation physique de ses AZ, mais n'en documente pas la progression. Il lui manque par ailleurs des outils d'orchestration DR. Attention également à l'incompatibilité des outils associés au portefeuille GDC vis-à-vis des environnements standards.

Pannes et sécurité : des problèmes "persistants" chez Microsoft

L'an dernier, Microsoft avait eu des bons points pour son écosystème de partenaires et l'adéquation de son offre avec de nombreux cas d'usage axés développeurs. Ainsi que pour l'extension des outils de gestion Azure hors du cloud à travers Azure Resource Manager et la passerelle Azure Arc.
Cette fois, Gartner met en avant les offres sectorielles que Microsoft a constituées à renfort de connecteurs, de modèles de données, de frameworks de sécurité et de modèles d'IA. Il souligne aussi l'attractivité d'Azure pour qui a une forte empreinte Microsoft. Et les avancées liées au partenariat avec OpenAI en matière d'architecture et d'entraînement à grande échelle.

En 2023, la qualité du support avait valu un mauvais point avec Microsoft. Comme la dépendance entre certains services Azure, menaçant de faire monter la facture. Gartner avait aussi mentionné les "problèmes persistants" de résilience - et l'avait illustré par l'incident à Singapour en janvier 2023.
La résilience reste pointée du doigt, au vu des conclusions d'une commission gouvernementale américaine après l'affaire Exchange Online. Microsoft a répondu avec la Secure Future Initiative, mais Garter constate qu'il est encore tôt pour vraiment en mesurer les effets. Autre élément : les services et le support, expérience de déploiement et d'intégration incluse, sont moins bien perçus que chez les principaux concurrents. Microsoft a aussi du retard sur la qualité technique du réseau de partenaires. Attention égalementaux pénuries de capacité qui ont pu survenir (sur les zones Amsterdam et Texas, notamment).

Oracle, moins avancé sur la GenAI... entre autres

L'an dernier, Oracle s'était vu crédité d'un bon point sur le sujet du cloud distribué et souverain, qu'il s'agisse de la capacité à déployer chez des clients, chez des partenaires ou dans des régions déconnectées. Autre point fort : les intégrations multicloud ; avec, entre autres, l'interconnexion Azure et la disponibilité de ses bases de données sur AWS. Gartner estimait par ailleurs qu'Oracle était "au niveau des leaders" en matière de rapidité à déployer de nouvelles fonctionnalités.
Cette année encore, Oracle se distingue sur le cloud distribué et souverain, par sa capacité à maintenir une parité fonctionnelle et tarifaire (également mis en avant : le partenariat avec NVIDIA annoncé en mars 2024 pour l'entraînement de modèles en local). Même chose sur le multicloud, autant à travers l'offre de bases de données que les interconnexions réseau. Cela permet, affirme Gartner, de faire d'Oracle un "second cloud" viable.

En 2023, Gartner avait évoqué une offre GenAI moins mature que chez la concurrence - et moins mise en avant. Il avait aussi noté une expérience inégale de support et des options limitées pour la résilience.
Cette fois encore, la GenAI vaut à Oracle un point de vigilance. Les outils sont moins complets que chez les autres "leaders" ; et la disponibilité régionale des services, limitée. Sur la partie résilience, Gartner souligne, entre autres, que l'architecture standard d'une région n'inclut qu'un domaine de disponibilité. Il y ajoute les conditions de licence et de support, qui peuvent s'avérer des points de friction au renouvellement des contrats. Les clients ont quant à eux tendance à pointer le manque de ressources tierces et la communauté plus réduite que chez les concurrents.

Illustration © Elnur Amikishiyev

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