Intel veut réviser sa stratégie
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Paul Otellini, le patron d'Intel, se donne 90 jours de réflexion, pour faire face aux difficultés du géant des conducteurs, et inverser la tendance au repli de ses marges et parts de marché
Insupportable? Au cours des 12 derniers mois, AMD, le rival du dernier quart de siècle, a vu la valeur de son titre plus que doubler, et dans le même temps le titre Intel a reculé 14 %.
Certes, la capitalisation boursière d'AMD est très loin d'égaliser celle d'Intel, et son influence à Wall Street reste négligeable, mais dans le même temps son outsider ne cesse de grignoter des parts de marché. 55,4 % sur le marché des PC aux Etats-Unis selon Current Analysis en mars, et 32 % sur les serveurs selon Gartner au quatrième trimestre 2005. Difficile à accepter pour les investisseurs, car Intel a toujours été un moteur, tant pour l'industrie que pour le Dow Jones et le Nasdaq. De plus, la chute de 38 % de son bénéfice net au premier trimestre appelle à des changements profonds. La réaction du géant des semi-conducteurs a tardé à venir, mais le staff d'Intel semble avoir pris la mesure du phénomène, et Paul Otellini, le CEO du groupe, a annoncé une période de réflexion interne de 90 jours, préalable à une future restructuration. « Nous allons restructurer, redimensionner et refixer les objectifs de Intel Corp., vers où nous pensons que le business se dirige. Chaque partie d'Intel en fera partie. Aucune pierre ne sera pas retournée ou regardée« , a-t-il déclaré lors d'une rencontre d'analystes. Mais Paul Otellini est-il conscient que la plus importante restructuration d'Intel pourrait bien porter sur un remaniement de la direction du groupe? En effet, issu du sérail ? Paul Otellini a fait l'essentiel de sa carrière chez Intel - l'actuel patron du groupe n'a pas réussi à convaincre les investisseurs et le marché de la pertinence de sa présence au poste de CEO ! Un avis général qui cependant n'est pas partagé par tous les analystes. Il n'empêche que le discours de la progression à un chiffre, même dans le haut au plus proche des 10 %, ne peut satisfaire après qu'Intel a habitué les marchés à des progressions à deux chiffres. D'autant que le fondeur ne rencontre réellement qu'un seul vrai concurrent, AMD, largement plus petit que lui et disposant de moyens autrement plus limités. Et il faudra que le groupe liquide ses stocks, -plusieurs millions de processeurs accumulés ces derniers mois avec une marge brute qui s'est écroulée de 61,8 % au quatrième trimestre 2005 à 55,1 % au premier trimestre 2006. La politique tarifaire agressive annoncée par Intel n'améliorera probablement pas les résultats du groupe au cours de ce trimestre. Mais plus que lutter contre AMD, ce qui n'est pas accessoire, elle devrait surtout permettre au groupe d'assainir ses stocks, avant le lancement de nouvelles gammes de processeurs, aux performances étendues, annoncés pour la fin de l'année. Une stratégie qui devrait paradoxalement profiter à Microsoft? Le marché se concentrera au second semestre sur des configurations Intel proposées à des prix promotionnels, ou tout du moins encore réduits, ce qui laissera un peu de latitude à l'éditeur pour supporter le report de Windows Vista.