Les experts de la Gendarmerie nationale adoptent applications web. et 'open source'
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Depuis plusieurs années, la Gendarmerie nationale mise sur l'Open source. Récemment, le service IRCGN a décidé d'adopter des technologies web pour refondre ses applications. Retour sur ce vaste projet. En exclusivité
Mi-décembre, nous apprenions que l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) avait fait appel à Sensio Labs, afin de monter en compétences dans la programmation PHP. Objectif: mettre au point un socle technique permettant de créer des applicatifs de nouvelle génération, plus flexibles et plus interopérables.
Depuis, nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec Marc Hugon, CTO de Sensio Labs, et le chef d'escadron Guillaume Duprez, responsable informatique de l'IRCGN. Nous réunissons ici ces deux entretiens, afin de retracer le cheminement de ce projet ambitieux.
Décision radicale: « tout refaire »!
« - Notre dernier état des lieux a montré que nous disposions d'un important panel d'outils, très spécialisés, mais absolument pas interconnectés les uns aux autres, voire parfois redondants, explique Guillaume Duprez. Il n'était plus possible de continuer de la sorte. Nous avons donc décidé de tout refaire, en ne conservant que l'expérience acquise.
« Certains choix globaux, faits par la Gendarmerie nationale (OpenOffice.org, Linux, etc.), posaient problème pour beaucoup de nos applications, trop adhérentes à Windows. Nous avons alors expérimenté les technologies issues du web, dont PHP. Le web se prête en effet très bien à la création d'applications interopérables et facilite par définition le partage d'informations. »
La rencontre avec Sensio Labs
« - Nous nous sommes rapprochés de Sensio Labs, car ils étaient bien référencés dans le monde PHP et semblaient intéressants. Nous étions également attirés par le concept des 'frameworks' et leurs avantages potentiels, poursuit Guillaume Duprez.
«- L'IRCGN est venu vers nous avec des besoins de formation et la volonté de monter en compétence en interne sur PHP ainsi que sur la mise au point d'applications client/serveur, confirme Marc Hugon. Nous avons proposé du « sur-mesure » pour ce contrat, car nous ne faisions pas à l'époque de formations exclusivement dédiées à PHP.
De fil en aiguille, nous avons été menés à discuter des projets de l'IRCGN et de sa plate-forme, ambitieuse, mais aussi complexe. Nous avons alors apporté aide et conseil en termes d'architecture et de méthodologie de travail. Ceci nous a permis de mettre à l'épreuve une nouvelle façon de travailler, différente du mode 'forfait classique' ou du mode 'régie'. Un travail où nous avons été à la fois architecte et exécutant, tout en ouvrant en partenariat avec notre client. »
Les difficultés du projet
« - Le premier problème a été que l'activité devait continuer pendant toute la phase de développement, ce qui nous a valu tout un ensemble de contraintes, explique Guillaume Duprez. Il y avait également un souci de réputation des technologies web : beaucoup de monde autour de nous affirmait qu'elles n'étaient pas assez sûres et solides pour traiter des données judiciaires. Le travail réalisé avec Sensio Labs nous a permis d'être rassurés sur ce point.
Nous sommes aujourd'hui arrivés à la conclusion que les technologies web - avec le soutien d'un « framework' - apportent très largement la maturité requise pour répondre à nos problématiques : sécurité, traçabilité, facilité de maintenance, prise en charge de processus complexes.
Le monde de l'open source nous a permis également de rencontrer une communauté de spécialistes, avec des outils, un esprit et une dynamique qui accrochent bien chez nous. Nous sommes par ailleurs pleinement satisfaits de notre expérience avec Sensio Labs. »
Le futur ?
« - Personnellement, précise Guillaume Duprez, je pense qu'il faut faire la démarche de partager nos outils avec d'autres. Cela ne coûte rien, si ce n'est un effort d'interopérabilité et d'internationalisation.
Cela aura deux avantages. Le premier est que l'utilisation d'outils en commun avec les forces de police françaises ou étrangères facilitera la collaboration et l'interopérabilité. L'autre avantage est lié à la philosophie de l''Open source'. Dans un premier temps, nous avons réutilisé du code. Dans un second, nous envisageons d'en reverser. Et dans un troisième, nous aurons peut-être des retours et des contributions. »
Interrogé sur cette volonté d'ouverture, Marc Hugon, y voit un mouvement assez similaire à celui réussi autour d'Ocari (un CMS open source créé conjointement par plusieurs groupes de presse) : « L'idée est que le contenu, et non la plate-forme logicielle, est le véritable différenciateur. Ceci est encore plus vrai pour les forces de police : si elles disposent d'outils efficaces, elles ont tout intérêt à les partager entre elles. »