Michael Dell : « Non, VMware ne va pas favoriser Dell »
Depuis l'annonce du rachat d'EMC par Dell, le malaise est palpable. Et tourne autour d'une question centrale : quelle sera l'évolution de VMware une fois que celui-ci sera contrôlé par un des principaux constructeurs de serveurs au monde ? Michael Dell en personne a pu mesurer le poids de ces interrogations lors de la récente conférence européenne du spécialiste de la virtualisation : intervenant en vidéo, le patron du constructeur texan a été accueilli par un silence de mort. Pas le plus petit applaudissement 'corporate' pour saluer le discours du futur propriétaire.
Est-ce ce couac qui a poussé l'homme d'affaires à réagir ? Impossible de l'affirmer. Mais le milliardaire américain a en tout cas pris la plume estimant que partager « certaines de ses réflexions et intentions concernant VMware pourrait être utile ». Une litote pour le moins. Et de rappeler d'abord que Dell entend laisser à VMware, qualifié de « joyau de la couronne de la fédération EMC », son statut actuel, celui d'une société cotée indépendante. Surtout, Michael Dell ajoute : « Nous pensons qu'il est très important que VMware conserve le modèle économique qui a fait son succès en supportant un écosystème ouvert et indépendant. Nous ne prévoyons pas de faire quelque développement propriétaire que ce soit autour des technologies VMware par rapport à Dell ou EMC, ou d'ériger quelque barrière que ce soit à la capacité de VMware à signer des partenariats avec d'autres entreprises. » Très directement, le patron de Dell tord donc le cou à la principale crainte des entreprises : voir Dell se réserver un niveau d'intégration plus avancé avec les technologies VMware, aux dépens de ses concurrents.
« Libre d'utiliser sa trésorerie »
« Une fois la transaction finalisée, poursuit Michael Dell, nous prévoyons de gérer VMware de la même manière qu'EMC le fait aujourd'hui, en laissant cet éditeur indépendant, libre d'utiliser son flux de trésorerie pour son activité et de continuer à entretenir ses relations suivies avec son réseau de partenaires. De nombreux clients utilisent VMware avec de nombreux autres produits OEM ou solutions. VMware restera engagé auprès de ses partenaires et rendra simple l'utilisation de ses produits sur tout matériel ou plate-forme souhaité par une entreprise cliente. »
Si le billet de blog de Michael Dell a le mérite de repréciser les engagements de son groupe, reste à connaître la réaction des autres constructeurs au rachat du spécialiste de la virtualisation par un concurrent. Ceux-ci pourraient être tentés de se tourner vers une solution alternative (Citrix, Microsoft), de pousser l'intégration avec des offres Open Source (OpenStack, KVM), en vogue chez les géants du Web (Apple a par exemple décidé de délaisser VMware pour le couple OpenStack-KVM), voire de pousser l'adoption des containers zappant ainsi les technologies de VMware. Dans nos colonnes, Andreas Zilch, du cabinet d'étude Pierre Audoin Consultants, expliquait récemment qu'il pensait que le deal Dell-EMC allait pousser les autres fournisseurs de hardware comme HP, Cisco ou NetApp à réagir. « Spécialement Cisco et NetApp, qui devront travailler plus étroitement ensemble pour concurrencer le nouveau groupe », ajoutait-il.
VMware vient d'annoncer les résultats de son troisième trimestre fiscal : le chiffre d'affaires y progresse de 10 % sur un an (à 1,67 milliard de dollars, pour un bénéfice de 256 millions). Surtout, les ventes de nouvelles licences repartent à la hausse (+ 6,6 % contre 3,9 % le trimestre précédent). A l'occasion de cette communication financière, Pat Gelsinger, le directeur général de l'éditeur, s'est lui aussi dit « très optimiste sur la valeur à long terme pour VMware de l'accord de fusion entre Dell et EMC ».
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