Olivier Rafal, PAC CloudIndex, cloud au niveau des projets tactiques
En juin 2013, le Cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC) publiait son premier PAC CloudIndex, qui mesure la maturité des entreprises et administrations sur l'usage du cloud. Olivier Rafal, analyste chez PAC, répond à nos questions.
Silicon.fr : Pourquoi créer un index de la maturité du cloud en France ?
Olivier Rafal : Nous avons souhaité créer quelque chose qui sorte de l'ordinaire des études sur le cloud et qui offre une vision au long cours de la maturité des entreprises et des administrations françaises en matière de cloud. La question se pose encore de savoir si des entreprises sont sur le cloud en France.
Nous avons découvert qu'il y a déjà un certain taux d'usage et beaucoup de choses qui se font. Nous avons également découvert que nous sommes plus sur le plan tactique que sur de véritables stratégies d'entreprise. C'est pour cela que le score de l'index de maturité est encore en dessous de la moyenne, avec seulement un tiers des organisations qui utilisent le cloud.
Vous ne faites pas de comparaison avec ce qui se passe hors de France ?
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Pas encore, mais nous pensons reproduire cela en Angleterre et en Allemagne, les deux autres grands bastions de PAC. En revanche, il est acquis que nous sommes clairement en retrait par rapport avec ce qui se passe aux États-Unis.
Nous pratiquons tous du cloud, parfois sans le savoir. A l'exemple de certaines pratiques de métiers, comme les RH, qui depuis longtemps ont adopté des solutions en ligne sans passer par la DSI.
En effet, les RH pratiquent depuis longtemps le cloud ! Il est en revanche encourageant que les entreprises nous aient indiqué qu'elles comptent sur les prestataires informatiques, notamment pour intégrer tout ce qui est SaaS avec le système d'information.
Nous ne sommes plus sur le modèle des métiers qui exploitent une application en 'shadows IT', sans l'assentiment du DSI. Les entreprises dépassent cela pour intégrer le cloud dans la stratégie globale du système d'information.
Sur les très petites entreprises, le cloud est presque naturel. Sur les PME, c'est plus compliqué. Il est difficile de déterminer des règles, car c'est dépendant de la personnalité du dirigeant. Sur les grands comptes, il y a de grands projets en cours, parfois à très grande échelle, avec des intégrateurs de cloud internationaux.
Le cloud souverain ne serait donc pas une réponse aux attentes des grands comptes ?
Pour certaines données les grands comptes souhaitent des garanties de localisation. Mais leur intérêt porte plutôt sur des déploiements internationaux. C'est pour cela, par exemple, que Numergy est en train de signer des accords avec des opérateurs de cloud en Europe.
Le cloud souverain ne répond pas forcément aux attentes de grands comptes qui ont des intérêts internationaux, en particulier en Asie où nous observons de grands mouvements.
La géolocalisation des données est un débat, mais est-ce une réalité ? Elle ne figure pas dans les préoccupations de nombre de DSI.
Je serais plus nuancé. La géolocalisation est une assurance, dont ils ne se servent pas forcément. C'est une clause qu'ils demandent dans leurs appels d'offres et lorsqu'ils observent le marché, mais ils ne vont pas forcément s'en servir. Comme la réversibilité !
La sécurité demeure-t-elle le premier sujet associé aux projets de cloud ?
C'est la raison numéro un de ne pas se lancer dans le cloud. En revanche, la première raison de faire du cloud n'est pas les économies d'argent, mais la flexibilité.
Nous assistons cependant à une dichotomie dans le discours, la sécurité est un motif pour ne pas basculer dans le cloud, mais tous ceux qui ont migré reconnaissent qu'elle est supérieure à ce qu'ils auraient pu déployer en interne. Que ressort-il de votre étude ?
Il faut bien distinguer les DSI des grands groupes, qui ont bien intégré cela. Ils ont l'habitude des datacenters et de l'infogérance, et ils ne sont pas inquiets. Les PME sont plus hésitantes à aller vers le cloud, et se posent énormément de questions. Les patrons de PME ont besoin d'être rassurés, de voir physiquement où se situent les datacenters et les machines, de savoir que tout est en France et maitrisé.
Ce sont les personnes qui n'ont pas l'habitude de l'infogérance, et qui donc sont moins matures que les grands comptes, qui affichent leurs inquiétudes.
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