Performance et automatisation au menu de Juniper
L'équipementier a fait plusieurs annonces avec des routeurs, des switch et des éléments de sécurité qui reposent sur deux credo : la performance et l'automatisation. Le fondateur de Juniper estime que c'est la seule voie pour le marché.
A l'occasion d'un évènement à Londres, Juniper Networks est revenu sur les annonces dévoilées plus tôt aux Etats-Unis. Plus qu'une séance de rattrapage, il s'agissait surtout de discuter avec le fondateur de l'équipementier américain, Pradeep Sindhu (en photo). Et ce dernier a, dans son introduction, planté le décor, « Le réseau est un élément spécial dans le monde et Juniper est une société spéciale. Au début, il y avait une individualisation du réseau pour chaque application, pour la voix, pour la connectivité des entreprises, etc. Aujourd'hui, le réseau et les technologies sont devenus plus rapides, mais sont de plus en plus complexes. » Il ajoute que « Juniper est la seule compagnie à avoir compris cette complexité et à à savoir très clairement où allait le réseau en mêlant la valeur de la performance et la simplification par l'automatisation pour finalement arriver à accompagner l'évolutivité (scale) ».
400G ready et automatisation
Cette antienne est le fil rouge des différentes annonces de Juniper avec comme socle commun la performance où la firme de Sunnyvale n'entend pas laisser à ses concurrents lui faire de l'ombre. Il suffit de regarder les derniers routeurs coeur de réseau pour s'en convaincre. La course à la densité continue avec des produits qui seront prêts pour accueillir les cartes 400G. Ce dernier vient d'être récemment standardisé, mais il faudra encore attendre un peu pour son déploiement (fin 2015) notamment de connaître le prix au port. On retrouve ce frein aujourd'hui dans la migration des entreprises vers le 40 et le 100G. Des concurrents de Juniper, comme HP, s'orientent vers des standards alternatifs comme le 25 et 50G dont les coûts au port sont moins chers. « Pour une baisse des prix au port sur le 40 et le 100 G, la balle est dans le camp des constructeurs de cartes optiques mais ils travaillent vite et les coûts vont baisser », relativise Pradeep Sindhu.
Cette performance réside aussi dans la volonté de Juniper de garder le contrôle des ASIC. Dans sa dernière gamme de commutateurs de type « spine » (tronc) pour datacenter (en complément de la gamme QFX 5000 pour les déploiements de type leaf), les QFX 10000 sont équipés de la puce Q5. Elle dispose notamment de fonctionnalités de télémétrie, de bufferisation et de prise en charge de la virtualisation. Côté capacité, le premier module le QFX 10002 est proposé en rack 2U avec des ports 40 ou 100G. Le QFX 10008 peut accueillir 8 cartes pour une perfomance totale de 48 Tbps et pour le QFX 10016, il pourra monter jusqu'à 96 Tbps pour 16 slots disponibles. Le nombre de ports est évolutif selon les cartes avec certaines configurations pouvant embarquer jusqu'à 30 ports 100G.
A cela, il faut ajouter l'OS maison, Junos, et une fonctionnalité de gestion des différents éléments du réseau baptisée Fusion. Elle prend en charge notamment les technologies SDN (Software Defined Network) Open Stack comme de VMware, et intègre aussi le contrôleur maison Contrail. Pradeep Sindhu estime que « le SDN est une technologie pour centraliser et simplifier un réseau qui par essence physique est distribué ».
Coeur de réseau musclé et sécurité renforcée
Les routeurs coeur de réseau ne sont pas oubliés dans l'histoire avec une évolution de la gamme PTX avec là encore une course à la performance. Sur la partie silicium, la puce Express Plus gagne en rapidité en gérant plus de 1,5 milliard d'opérations par seconde. Elle est gravée en 28 nanomètres et peut piloter jusqu'à 5 cartes 100G. On notera que Juniper a pris le parti d'intégrer de la mémoire en 3D pour amplifier les performances. La gamme PTX 5000 promet de délivrer jusqu'à 3 Tbps par slot (30 x 100G) pour un total de 24 Tbps. Une version plus compacte pour les environnements restreints, le PTX 3000 affiche une capacité totale de 8 Tbps.
Pour compléter ses annonces, Juniper muscle son offre de sécurité SRX. Les firewalls bénéficient d'une plus grande capacité de traitement, 1 Tbps et un temps de latence réduit. Le contrôle applicatif avec AppSecure2.0 a été rajouté aux pare feux virtuels. Ce pôle de sécurité a été revu. Selon le fondateur, « nous n'avons pas été bon sur la sécurité. Nous nous sommes éparpillés sur plusieurs sujets sur ce marché. Aujourd'hui, nous réorientons la sécurité sur notre coeur de métier, c'est-à-dire le réseau ».
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Rester indépendant
Avec ses différents produits, Juniper entend reprendre la main et montrer à ceux qui pensent que la société est en difficulté qu'elle a de la ressource. « Nous sommes un groupe fort et indépendant », a martelé Pradeep Sindhu.Conscient d'être sur des marchés aux contraintes économiques difficiles (opérateurs de télécoms, fournisseurs de service), Juniper travaille sur d'autres marchés verticaux comme la finance, les administrations et le secteur public, la santé.
La nomination d'un nouveau CEO en novembre dernier avait provoqué quelques inquiétudes et l'arrivée de deux membres au Conseil d'administration proche du fonds Eliott Management n'ont pas rassuré. Pradeep Sindhu reste lui serein sur l'avenir de la société. « Nous participons à l'évolution du réseau vers le SDN et Juniper apporte son expertise et ses compétences pour définir ce que le SDN doit être. » Un petit message amical à Cisco, n'est-il pas ?
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