Rachat d'EMC : comment Dell compte payer sa méga-dette
Les grandes manoeuvres ont débuté pour Dell, désormais assuré d'être seul en course pour le rachat d'EMC. Rappelons que, pour ce faire, le Texan déboursera pas moins de 67 milliards de dollars. Passé ce cap, la priorité de Dell ira au désendettement. Au moins pendant les 18 ou 24 premiers mois, comme l'ont répété plusieurs dirigeants de l'entreprise. Les derniers résultats annuels du constructeur texan (clos en janvier dernier) montrent que le groupe a dégagé un profit opérationnel de 3,2 Md$, contre 4 Md$ en 2013 (même si le chiffre d'affaires a progressé de 5 %). Avec le renfort d'EMC, Dell devrait dégager pas loin de 7 Md$ de cash par an.
Impressionnant, mais visiblement insuffisant aux yeux de la direction du groupe. Le rapprochement avec Dell va en effet créer une dette d'environ 50 Md$. Un total qui pourrait encore s'alourdir, certains analystes estimant que la création du traqueur VMware, un titre créé à l'occasion du rapprochement entre EMC (maison-mère de l'éditeur de virtualisation) et Dell, pourrait se traduire par une taxe de 9 Md$ réclamée par le fisc américain.
Pour accélérer la réduction de ce fardeau, le Texan envisage plusieurs actions. D'abord une cotation de la division SecureWorks (sécurité), qui pourrait valoir environ 2 Md$. Ensuite, la vente d'actifs pour près de 10 Md$ : les cessions de Quest (gestion des infrastructures, un éditeur acheté en 2012 pour 2,4 Md$), SonicWall (firewall, acquis en 2012 également pour un montant non communiqué), Boomi (intégration Saas, repris en 2010) et Perot Systems (SSII rachetée en 2009 contre 3,9 Md$) seraient ainsi à vendre. Enfin, une autre façon de réduire ce total pourrait consister à faire maigrir EMC : hier, la séparation de RSA (éditeur de sécurité), aujourd'hui dans le giron du géant du stockage, ou sa vente a été évoquée dans la presse américaine.
3 Md$ pour soutenir l'action VMware
En plus de ces opérations qui vont réduire la taille du futur groupe, Dell envisage de dépenser un somme importante pour soutenir le cours de l'action VMware. Dans un document transmis hier au gendarme de la bourse américaine, le constructeur indique qu'il a la possibilité de racheter pour l'équivalent de 3 Md$ de titres VMware créés à l'occasion du rachat d'EMC, l'actionnaire majoritaire du spécialiste de la virtualisation (à environ 81 %). En effet, environ 9 des 33,15 dollars qui sont proposés par Dell pour chaque action EMC prennent la forme d'un traqueur VMware, autrement dit d'un titre censé refléter la valeur de cet éditeur sans pour autant conférer à son possesseur les mêmes droits qu'une action standard (notamment en terme de droits de vote).
Le procédé, très utilisé lors de la bulle Internet, a quelque peu échaudé les investisseurs ; depuis l'annonce du rachat - et donc la création de ce traqueur -, l'action VMware a été sanctionnée sur les marchés, reculant de 27 %. La volonté affichée par Dell de mobiliser plusieurs milliards de dollars pour soutenir ce traqueur montre sa détermination à redresser la valeur du spécialiste de la virtualisation. Dans sa déclaration à la SEC, le groupe indique d'ailleurs que le total de 3 milliards de rachat d'actions pourrait être augmenté avec le temps.
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