Start-up: Pydio, le partage de fichiers qui surfe sur la peur de Prism
Jeune start-up française spécialisée dans le partage sécurisé de fichier open source pour les entreprises, Pydio s'inscrit comme une alternative personnalisable à Dropbox et Box.net. Et mise sur la croissance du marché en France et en Europe, auprès de grands comptes échaudés par les révélations sur les écoutes massives de la NSA.
Une start-up française qui fait ses premiers pas aux Etats-Unis et décide de revenir en France poursuivre son développement, ce n'est pas courant. C'est pourtant le choix que fait Pydio (Put Your Data In Orbit), un éditeur open source spécialisé dans le partage de fichiers en ligne.
« On est né en France, mais on reste globaux », nuance le fondateur et Pdg Charles Du Jeu. Pydio adresse 14 pays dont la France (et plus largement l'Europe) sur laquelle l'éditeur accentue ses efforts depuis ce dernier trimestre 2013 après sa création en 2012 (sous le nom d'Abstrium initialement).
L'opportunité Prism
L'affaire Prism, le programme d'écoutes mondiales de la NSA, est à l'origine de cette stratégie de relocalisation. « Les grands comptes américains sont très sensibles à la sécurité, mais ce n'était pas le cas en France et en Allemagne jusqu'à présent. La sensibilité de notre clientèle sur les problématiques de sécurité a progressé avec l'affaire Prism », explique Charles Du Jeu qui entend évangéliser les grands comptes européens sur la question.
Du moins celle de la sécurité des fichiers partagés. L'offre de Pydio, à l'origine AjaXplorer, est une application qui opère sur l'infrastructure de l'entreprise et non sur un Cloud public. « On vend une alternative professionnelle à Dropbox ou Box.net avec essentiellement des applications serveur pour un déploiement sur Cloud privé, explique Axel Adida, cofondateur et responsable entreprise. C'est très simple à installer et il suffit de quelques dizaines de minutes pour déployer l'application sur l'ensemble des espaces de stockage existant sans aucune migration nécessaire. »
Une grosse machine à partager
L'entreprise conserve donc la maîtrise de ses données et de son budget puisque l'offre de Pydio évite d'avoir à recourir à des solutions externes. Administrés par dossiers et/ou profils avec une gestion fine des droits, les contenus sont partageables depuis tous les terminaux fixes et mobiles de l'entreprise. L'explorateur supporte la prévisualisation de nombreux formats de fichiers (avec enrichissement possible par plug-in pour les formats exotiques) et une riche palette de fonctionnalités de partage avec analyse de la métadonnée, gestion avancée de version, etc. « C'est une grosse machine à partager, assure Axel Adida qui ajoute que globalement, nos clients ont plutôt tendance à nous demander de retirer des fonctionnalités. »
Certifié Windows Server et sur les principales distributions Linux/Unix (RedHat, Debian, Solaris.), le logiciel développé en PHP se connecte aux annuaires de l'entreprise (Active Directory, LDAP, CMS.), ce qui permet aux utilisateurs de bénéficier du service de partage avec leurs identifiants réseaux habituels. Enfin, l'offre est proposée en marque blanche, totalement personnalisable aux couleurs de l'entreprise, jusqu'aux applications mobiles. « On reprend et intègre toutes les politiques de sécurité de l'entreprise », assure Charles Du Jeu.
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Partenaire Red Hat Storage Cluster
Une simplicité qui a permis à Pydio de conquérir de belles références telles qu'Apple, Seagate, LaCie ou Nikon. « Les grands comptes américains très expérimentaux sur l'open source », indique le responsable entreprise. Et en France?? L'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) figure parmi ses premiers clients. « L'Ademe a grosse base de GED mais qui n'est pas ouverte à l'extérieur de l'agence. Pydio est utilisé comme une interface entre l'intérieur et l'extérieur pour des besoins de partage limités dans le temps. »
Deux leviers devraient accélérer le développement de Pydio. Le Trophée Start-Up Numérique 2012 avec le soutien de l'Institut Telecom de France d'abord. « Il nous a permis de nous lancer et constitue un élément de crédibilité auprès des grands comptes. » Le second élément réside dans l'accord de partenariat sur l'offre RedHat Storage Cluster. « Red Hat a choisi notre solution pour délivrer son offre de stockage distribué à ses clients. La France est le pays pilote pour Red Hat, mais on travaille à étendre le partenariat à l'Europe », souligne le dirigeant de Pydio.
Soulignons également un accord avec Numergy, qui peut alors apporter la brique de stockage à Pydio pour livrer un Dropbox privé à l'entreprise cliente, mais aussi un partenariat avec Ercom pour le cryptage des données sur les terminaux Android. Bref, une offre très complète.
Une croissance à deux chiffres
Si la référence aux offres SaaS de type Dropbox est mise en avant, Pydio se rapproche de fait plus d'une solution à la ShareFile de Citrix. « Mais cela reste cher en volume, donc les entreprises se tournent vers l'open source et ses tarifs doux pour déployer le partage de fichiers sur des dizaines de milliers d'utilisateurs. » Les tarifs de Pydio démarrent à moins de 250 euros hors taxes par an pour 25 utilisateurs à moins de 5 000 euros pour 1 000 comptes.
Axel Adida est confiant dans l'adoption de la solution. D'abord en raison du nombre de téléchargements qui continue de grossir (570?000 début novembre), notamment en Inde et Chine, mais aussi grâce au modèle open source pour le moment peu concurrencé (on compte une poignée d'éditeurs dont OWNcloud en Allemagne et Seafile en Chine). « Nous sommes dans la 'commodity' dans la mesure où nous ne nous positionnons pas sur des logiciels trop métier. » Une offre de commodité dont Pydio attend « une croissance à deux chiffres ».
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