Tribune : Pat Gelsinger (VMware) tire à boulets rouges sur Amazon
Paul Maritz, son prédécesseur, ne mâchait pas ses mots, mais Pat Gelsinger, récemment nommé à la tête de VMware, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour admonester un groupe de partenaires. Que voulait-il dire en évoquant les workloads (charges informatiques) sur Amazon ?
Le discours du CEO a pourtant été clair : « Nous voulons posséder le workload de l'entreprise. Nous y perdons tous s'il se retrouve dans les clouds publics. Nous voulons étendre notre franchise du cloud privé vers le cloud public et uniquement permettre à nos clients de profiter des bénéfices des deux. Possédez la charge informatique des entreprises aujourd'hui et pour toujours. »
La véhémence des beaux jours de Microsoft face à l'open source
Il faut revenir au temps des charges de Microsoft, et de son futur CEO Steve Ballmer, contre l'open source pour retrouver une telle véhémence dans des propos exprimés publiquement par un éditeur de premier plan. Les clients de VMware ont dû apprécier d'être ainsi considérés comme une 'propriété' de l'éditeur. Sans parler des partenaires que Pat Gelsinger ne considère pas autrement que comme des relais de sa propriété !
Certes, de tels discours sont tenus quotidiennement dans les entreprises, mais ils demeurent dans la sphère privée. S'ils y étaient restés, personne ne les aurait relevés. En revanche, le contexte du discours de Pat Gelsinger est plus inquiétant. Car en fait, le plus important ici n'est pas dans l'attitude d'un orateur connu pour avoir parfois des discours virulents, nous les avons expérimentés lors des contacts que nous avons pu avoir avec lui dans le passé. En réalité, c'est derrière les mots qu'il faut rechercher la vraie information.
Dérapage incontrôlé et révélateur
En dérapant sur ce que l'on peut appeler des écarts de langage, le patron de VMware nous a explicitement fait part de ses craintes. Ainsi nous aurions imaginé VMware aux abois face au rouleau compresseur Microsoft. Eh bien non, ce qui hante les cauchemars du géant de la virtualisation, c'est le cloud Amazon. Et Pat Gelsinger n'y est pas allé de main morte pour nous le révéler.
Alors que de plus en plus d'éditeurs tentent de s'accommoder des services proposés par Amazon - soit directement comme l'a démontré SAP en validant la disponibilité d'une infrastructure in-memory HANA sur AWS, soit laissant à leurs clients la possibilité d'intégrer AWS dans leur schéma d'infrastructure et en supportant les API d'Amazon - Pat Gelsinger préfère créer un front anti Amazon.
Sonnez la charge !
Le patron de VMware va un peu vite en besogne. S'attaquer frontalement à Amazon, c'est lui donner aujourd'hui plus d'importance qu'il n'en a en réalité. Peu de grandes organisations sont prêtes à laisser leurs machines virtuelles à AWS. Le temps de réponse et la bande passante du on-premise et des datacentrers de proximité ne militent pas pour les performances d'Amazon.
Lire aussi : Finalement, AWS va revendre du VMware
C'est également une lourde de prise de risque, celle de dévaloriser implicitement le rôle de VMware dans les infrastructures de cloud. C'est enfin une erreur stratégique, car en pointant les clients comme les partenaires qui fricotent avec le cloud d'Amazon, Pat Gelsinger prend le risque de se fâcher avec une partie de son écosystème !
Au final, les petites phrases du patron de VMware viennent confirmer que l'avenir est dans le cloud ! Elles pourraient bien continuer de faire des vagues, longtemps encore.
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