Chiffrement : des chercheurs de STMicroelectronics finalistes du prix de l'inventeur européen
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Le Français Pierre-Yvan Liardet et le Belge Joan Daemen, travaillant pour STMicroelectronics, sont distingués pour la mise au point d'un procédé sécurisant la création de cartes à puce.
Une équipe de cryptographes belges et français est nommée par l'Office européen des brevets (OEB) pour le prix de l'inventeur européen de l'année. Le Belge Joan Daemen et le Français Pierre-Yvan Liardet, ainsi que leurs équipes, sont distingués pour leur méthode permettant de sécuriser les cartes à puces. Traditionnellement, un accès à une carte à puce dite « maîtresse » permettait de cloner toutes les cartes créées à partir de ce modèle. Une faiblesse intrinsèque qui menaçait par exemple les banques ou opérateurs télécoms, émetteurs de grands volumes de cartes SIM.
D'où le nouveau protocole de sécurité imaginé par Daemen et Liardet. Dans ce dernier, la carte maîtresse ne communique qu'une seule fois avec chaque carte qu'elle génère. Lors de cette interaction, la clef de chiffrement est transmise à la carte réceptrice, qui envoie un message de confirmation. Une fois cette confirmation obtenue par la carte maîtresse, les données sont enregistrées sur la carte en cours de création et le contact entre les deux entités est rompu. Si la confirmation n'arrive pas, la carte maîtresse cessera d'enregistrer de nouvelles cartes, la rendant ainsi inutilisable. « C'est une idée assez simple finalement. Mais nous avons été confrontés à de nombreuses difficultés avant de la trouver », dit Joan Daemen.
Une fraude de 1 euro chaque 2 635 euros
Dans un communiqué, l'OEB estime que ce procédé, qui fait l'objet de 3 brevets, a un impact se chiffrant en milliards d'euros. « En effet, sur chaque tranche de 2 635 euros dépensés par carte en Europe, à peine 1 euro est aujourd'hui perdu par fraude, ce qui représente environ 1,5 milliard d'euros par an. Ainsi, si ces nouveaux dispositifs de sécurité n'éliminent pas totalement les risques, ils militent fortement en faveur de l'utilisation des cartes à puce dans les transactions financières », écrit l'organisation européenne.
Joan Daemen et Pierre-Yvan Liardet travaillent tous deux pour STMicroelectronics. Ingénieur belge, Daemen a obtenu son doctorat en cryptographie à l'Université catholique de Louvain. Il est l'un des inventeurs du chiffrement par bloc (Advanced Encryption Standard). Pierre-Yvan Liardet a lui obtenu son doctorat au Laboratoire d'Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM). Il a consacré 25 ans de carrière à la sécurisation de la carte à puce. Une dizaine d'autres chercheurs ont participé à la mise au point du procédé distingué par l'OEB.
Les lauréats du 11ème prix de l'inventeur européen seront connus le 9 juin prochain, lors d'une cérémonie à Lisbonne. La France compte cette année 4 finalistes parmi les 15 candidats, dont également le cardiologue Alain Carpentier, inventeur du coeur artificiel Carmat.
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