En France, Big Brother is voting you
Si la Croisette bouleverse complètement le paysage médiatique en ce mois de mai, un autre événement d'importance s'y déroule pourtant, l a 10e édition des Big Brother Awards (BBA) France à Paris. Sur le tapis rouge, pas de stars hollywoodiennes mais des acteurs « engagés » de notre société moderne, de grands noms de notre République. Et en récompense, point de statuettes mais des «prix Orwell».
En compétition cette année, toutes catégories confondues, Brice Hortefeux, Eric Besson, Frédéric Mitterrand, Facebook, Auchan et sa banque Accord, la Ratp et ses caméras clandestines, Christian Estrosi, Trident Media Guard, Thierry Lhermitte.
Plusieurs catégories : Orwell Entreprise, Exécuteurs des basses oeuvres.
Ces ministres, élus locaux, hauts fonctionnaires, institutions, petits chefs. sont sélectionnés car ils se sont « distingués par leur action en faveur de la restriction des libertés publiques, du fichage de la population, de la généralisation de la biométrie ou de la surveillance des salariés.», explique les BBA sur son site.
Et, comme à Cannes, on trouve plusieurs catégories pour bien distinguer les nuances du mépris de la vie privée et des libertés : « Orwell Etat & Elus », « Orwell Entreprise », « Orwell Localités », « Orwell Novlang », « Exécuteurs des basses oeuvres », « Mention spéciale internet ».
Nominé : Frédéric Mitterrand pour « Les mouchards de la Toile »
Cette année, en compétition pour le prix Orwell Etat & Elus, citons Frédéric Mitterrand pour avoir « ardemment défendu la loi Création et Internet qui, sous couvert de défendre les droits d'auteur, veut obliger tous les internautes à installer un mouchard (payant) sur leurs ordinateurs. » Le ministre se trouve au coude-à-coude avec un ministre du même cru, Roselyne Bachelot, « pour avoir créé un giga-fichier recensant les données personnelles et de santé de la totalité de la population française vaccinée. ».
Une catégorie qui nous est particulièrement chère, la « Mention spéciale internet». En lice dans cette catégorie, Facebook et son chef d'oeuvre, « la politique de protection de la vie privée », mais aussi PagesJaunes.fr qui « dévoile, via sa filiale 123people, la vie privée des internautes à l'insu de leur plein gré». Ici, on trouve aussi Thierry Lhermitte en tandem avec Trident Media Guard car «l'acteur a investi dans [cette] société privée qui cherche à profiter de la surveillance des internautes autorisée par les mesures de la loi Hadopi.»
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Le contre-pied, les prix Voltaire
Issus d'Angleterre et créés par l'ONG Privacy International « qui surveille les surveillants », les Big Brother Awards France opèrent depuis dix ans. Les sélectionnés, « pas vraiment volontaires» forcément, sont nommés par le public et par des partenaires associatifs. Au final, ils sont élus par un jury.
Cette année, les résultats seront connus le 12 mai. Dans le même temps, les Prix Voltaire seront aussi décernés. Ils concernent les « personnes ou collectifs qui ont contribué à informer, résister et dénoncer de telles pratiques à « ceux qui se battent pour la défense de nos libertés ».
Les BBA se déroulent aujourd'hui dans une dizaine de pays dans le monde, en Italie, Suisse, République Tchèque, Bulgarie, Espagne, Allemagne.
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