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Le nombre de «pirates» augmente malgré Hadopi

Plus de pirates qui modifient leurs comportement pour rester invisibles aux yeux d'Hadopi.

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Le nombre de «pirates» augmente malgré Hadopi

La loi Création et Internet (Hadopi) visant à lutter contre le piratage sera-t-elle efficace? A l'heure où les données personnelles qualifiant les internautes téléchargeant illégalement via les réseaux P2P sont précisées par décret, une nouvelle étude relève que le nombre de pirates n'a cessé d'augmenter ces derniers mois.

Baptisée Une première évaluation des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes francais, cette étude signée Sylvain Dejean, Thierry Pénard et Raphaël Suire de l'Université de Rennes 1 visait à mesurer l'impact de la loi Hadopi sur le comportement des internautes en France avides de téléchargements illégaux. L'étude a été réalisée sur la base d'un sondage téléphonique réalisé entre le 16 novembre et le 23 décembre 2009 auprès de 2 000 individus représentatifs de la population de la Région Bretagne.

Il en ressort qu'entre septembre et décembre 2009, le nombre de pirates numériques a globalement augmenté de 3 %. Un paradoxe alors que seuls 15 % des pirates ont cessé de fréquenter les réseaux P2P (peer-to-peer) depuis le vote de la loi en septembre dernier (mais pas encore appliquée dans les faits). Sauf que, parmi ces repentis, seul un tiers a décidé de renoncer à toute pratique illégale. « les deux tiers restant se sont tournés vers des pratiques alternatives de piratage échappant à la loi Hadopi comme le streaming illégal (allostreaming, .) ou le téléchargement sur des sites d'hébergements de fichiers (megaupload, rapidshare, .) », note l'étude.

De plus, 25 % des pirates dits « Hadopi » (ceux qui continuent de télécharger en P2P par opposition aux alternatives en streaming et téléchargement FTP) déclarent avoir modifié leurs pratiques afin d'espérer échapper à la surveillance électronique des ayant-droits (soit en téléchargeant moins, soit en basculant sur les plates-formes de streaming illégal ou en passant par des réseaux chiffrés et autres VPN). Quant aux 21 % de pirates non Hadopi (streaming.) qui déclarent avoir également modifié leurs comportements, « il fait peu de doute qu'il s'agit d'internautes ayant renoncé au téléchargement en Peer-to-Peer pour basculer vers des pratiques illégales non prise en compte par la loi Hadopi. Pour ces internautes, la loi Hadopi a bien eu un effet, mais pas dans le sens escompté par les partisans de cette loi », écrivent les auteurs.

La moitié des consommateurs payants sont des pirates

Potentiellement plus inquiétant, il s'avère que les pirates sont aussi des consommateurs, et notamment de contenus numériques. Les 50 % des acheteurs numériques sont des pirates (27 % d'Hadopi et 23 % de non Hadopi). Du coup, « une coupure de l'accès Internet de tous les pirates [comme le prévoit la loi, NDLR] réduirait le nombre des acheteurs de vidéo et de musique sur Internet de moitié ». Ou comment l'industrie culturelle risque de se tirer une balle dans le pied à l'heure où le marché de la musique en ligne augmente de 50%. Des analyses plus fines des comportements d'achats de contenus audio et vidéo révèlent d'ailleurs que la part d'acheteurs est la plus élevée parmi les pirates Hadopi (47 %) et les pirates non Hadopi (36 %).

Certes, la loi n'est pas encore appliquée dans les faits et la réception des premiers emails d'avertissement (attendu au printemps, voire à l'automne vus les retards pris dans la publication des décrets) pourrait donner un coup de frein aux pratiques illégales. Il n'en reste pas moins qu'au final, seuls 5 % des pirates sont réellement repentis depuis l'arrivée de la loi. Il s'avère même que 13 % des « pirates Hadopi » ne l'étaient pas avant l'adoption de la loi. Par provocation? Même pas. Plutôt « un rythme de croissance 'naturelle' de ce type de pratique lié à un mécanisme bien connu de contagion », selon les auteurs.

En conclusion, Hadopi provoque plus un changement des comportements qu'un arrêt pur et simple du téléchargement illégal. « Le piratage semble fortement ancré dans les habitudes de consommation de contenus vidéos et audio sur Internet. » L'enquête nécessitera des approfondissements, notamment après la pleine application de la loi. « Mais, les premiers enseignements tirés de l'enquête Marsouin suscitent quelques doutes quant à l'efficacité de la loi Hadopi pour endiguer le piratage numérique et stimuler le marché légal de la musique et de la vidéo sur Internet », concluent les auteurs. A bon entendeurs.

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