Recherche

Les cryptoactifs à la rescousse de l'Ukraine ?

Depuis le lancement de l'offensive terrestre russe ont émergé des canaux de soutien financier à l'Ukraine reposant sur des cryptoactifs. Tour d'horizon.

Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Lecture
7 min
  • Imprimer
Les cryptoactifs à la rescousse de l'Ukraine ?

Désormais qu'elle a largement perdu l'accès au réseau SWIFT ainsi qu'à ceux de Visa et de Mastercard, jusqu'où la Russie va-t-elle se raccrocher aux cryptomonnaies ? La réponse ne semble pas si évidente. En tout cas à l'échelle de l'économie nationale. Autant pour des questions de contrôle monétaire que de risque commercial ou de volumes de liquidités.

L'Ukraine, elle, n'a pas hésité à se tourner vers les cryptomonnaies. Le 26 février, l'État a lancé un appel aux dons en bitcoins, ethers et Tether (USDT).

Des NFT plutôt qu'un airdrop : l'Ukraine s'y reprend à deux fois

Le 1er mars, Polkadot (DOT) s'était ajouté à la liste des devises acceptées. Le lendemain, le Gouvernement avait annoncé un airdrop : il allait distribuer, en contrepartie aux dons, des tokens fongibles. La répartition se ferait au prorata des contributions telles que comptabilisées au 3 mars, 18 heures (+ 1 heure par rapport à Paris).

Le 3 mars, changement de discours : le gouvernement ukrainien annule l'airdrop. Et prévoit d'y substituer, « sous peu », une vente de NFT au profit de l'armée. L'initiative déplaît à certains, et des accusations de tromperie émergent. D'autres, au contraire, se satisfont de la décision et en appellent à rester sur des contreparties à valeur symbolique.

UkraineDAO : Pussy Riot inside

Le 24 février, au premier jour de l'offensive terrestre russe, UkraineDAO avait vu le jour. La campagne est devenue l'emblème des initiatives non gouvernementales de financement de l'effort de guerre par les cryptomonnaies. À la baguette, le collectif féministe PleasrDAO. En particulier, une de ses membres : Nadya Tolokonniva, leader du groupe de punk rock Pussy Riot.

Objectif officiel de UkraineDAO : fournir un appui dans le domaine de la cybersécurité. Le bénéficiaire : Come Back Alive, association qui fournit à l'armée ukrainienne « technologie, formation et munitions » pour ses « actions défensives exclusivement ». Depuis 2014, elle a notamment aidé à l'acquisition de caméras thermiques et de drones de surveillance, à la formation de médecins et d'analystes, ainsi qu'à l'entrepreneuriat des vétérans.

La campagne a permis de collecter l'équivalent d'environ 7 millions de dollars. Dont l'essentiel sur PartyBid (plate-forme d'achat collectif de NFT), avec, aux enchères, un NFT du drapeau ukrainien. Elle a été suivie d'un airdrop le 3 mars, à raison de 1000 tokens $LOVE par ETH investi.

Le 4 mars, le $LOVE est apparu sur la plate-forme d'échange ZT, en paire avec l'USDT.

Une touche artistique

D'autres projets ont émergé, sans parvenir à lever les mêmes sommes. Du côté de Help Ukraine, on approche du million de dollars. Come Back Alive fut le premier bénéficiaire.

Parmi les initiatives qui viennent de l'étranger, il y a celle de Time. Le magazine a ajouté une collection spécifique à son projet TIMEPieces. Lancée le 28 février, elle regroupe des NFT d'une soixantaine d'artistes. Sans commission à la vente, ni à la revente. À l'heure actuelle, le compteur avoisine les 120 ETH collectés.

Divers collectifs d'artistes ont repris le principe. À périmètre plus ou moins large, de l'initiative Reli3f à la vente d'un seul NFT (exemple de TycheCollective). La plate-forme DeFi Uniswap a quant à elle mis en place un système de donations depuis toutes les cryptos qu'elle gère.

Le bon grain et l'ivraie

La multiplication des projets n'a pas manqué d'éveiller la méfiance. Entre autres sur l'authenticité des adresses de portefeuilles censées permettre la donation à la campagne gouvernementale.

Vitalik Buterin avait lui-même mis en doute l'authenticité des adresses en question. Il s'était finalement dédit après vérifications.

Le créateur d'Ethereum s'est aussi fait le relais d'UkraineDAO... et d'une autre initiative : unchain.fund, destinée à l'aide humanitaire. Il faut dire qu'on la doit à la communauté crypto ukrainienne.

Aux dernières nouvelles, la « cagnotte gouvernementale » a dépassé les 50 M$. Objectif : les 100 M$ pour la fin de la semaine.

Illustration principale © Danilovi_andry via Visual Hunt / CC BY-NC-SA

Livres Blancs

Voir tous les livres blancs
S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page