Obama engage la cyberguerre froide contre la Russie
Barack Obama a annoncé jeudi des mesures de rétorsion contre la Russie, qu'il accuse d'avoir influencé l'élection présidentielle américaine 2016 remportée par Donald Trump. Des services de renseignement, des pirates informatiques et des diplomates russes sont mis sur la sellette.
Barack Obama dit avoir la preuve de l'implication du gouvernement russe dans le piratage et la divulgation de données qui ont émaillé la campagne présidentielle américaine. Ces cyberattaques ont affaibli la candidate démocrate, Hillary Clinton, et renforcé son rival républicain, Donald Trump. Dans ce contexte, Barack Obama a annoncé comme prévu, jeudi 29 décembre, des sanctions contre la Russie. Un État dont « les cyberactivités ont eu pour but d'influencer l'élection » présidentielle américaine du 8 novembre 2016, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Barack Obama, qui quittera ses fonctions le 20 janvier, a émis un décret présidentiel (executive order) pour répondre aux cyberactivités visant « à perturber ou à saper les institutions et processus électoraux [des USA] ou ceux de nos alliés ou partenaires ». Fort de cette autorité supplémentaire, le 44e président des États-Unis a sanctionné 9 entités et individus, à savoir : deux services de renseignement russes (le GRU et le FSB), quatre officiers du GRU (son chef, Igor Korobov, et trois de ses adjoints) et trois entreprises « ayant fourni un soutien matériel aux opérations cyber du GRU ».
35 diplomates russes expulsés
Parallèlement, le département du Trésor américain cible deux citoyens russes qui ont eu recours à « des moyens cyber pour détourner des fonds et des informations d'identification personnelles », selon Washington. Initiateurs présumés de cyberattaques Evgeniy Mikhaïlovich Bogachev et Alexeï Alexeïevich Belan ont ainsi rejoint la liste SDN (Specially designated Nationals List), celle des entités et des personnes avec lesquelles les citoyens américains ne doivent pas faire commerce.
De son côté, le Département d'État ferme deux centres russes, l'un dans le Maryland et l'autre à New York, accusés de mener des activités de renseignement. Et ce n'est pas tout : 35 diplomates de l'ambassade de Russie à Washington et du consulat russe à San Francisco ont été déclarés « persona non grata » aux États-Unis. Accusés d'avoir agi « de façon inconséquente au regard de leur statut diplomatique », ils ont 72 heures pour quitter les États-Unis, a indiqué la Maison Blanche.
Des pirates au service de Moscou ?
Les sanctions des États-Unis contre la Russie ne s'arrêtent pas là. D'autres mesures seront prises « au moment que nous choisirons », « y compris des opérations qui ne seront pas révélées au public », a rappelé Barack Obama. Vers une cyberoffensive ? Jeudi soir le Département de la sécurité intérieur et le FBI ont publié un rapport. Deux groupes de pirates informatiques nommés APT 28 et APT 29, et déclarés proches du renseignement russe, sont cités comme étant des responsables du piratage « d'un parti politique américain ». Ce parti n'est autre que le parti démocrate ou son comité national (DNC).
« les tactiques et techniques utilisées par APT29 et APT 28 pour mener des intrusions cyber contre des systèmes ciblés »
Loi du talion entre deux blocs
Après l'annonce de Barack Obama, Moscou a rejeté « catégoriquement » les accusations américaines jugées « infondées », selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, rapporte l'agence de presse publique Ria-Novosti. De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé des mesures jugées néfastes à la relation déjà tendue entre les deux puissances, rapporte l'agence de presse russe privée Interfax. La riposte russe s'organiserait déjà « sur le principe de réciprocité ».
Donald Trump estime, quant à lui, qu'il est temps pour les États-Unis « de passer à autre chose ». Favorable à un rapprochement avec Vladimir Poutine, Trump doute des premières conclusions de la CIA et du FBI. Il n'empêche, le président américain élu devrait rencontrer des responsables du renseignement US la semaine prochaine pour discuter de ce dossier chaud, dont il va hériter.
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crédit photo: The White House via Visual hunt
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