Soupçons de manipulation des votes électroniques aux États-Unis
Deux semaines après l'élection présidentielle US qui a vu Donald Trump l'emporter, des chercheurs en sécurité estiment que la candidate démocrate, Hillary Clinton, devrait demander un audit des résultats du vote électronique dans des États décisifs (swing states). Selon eux, les vulnérabilités de machines à voter nécessitent de lever le doute qui pèse sur la fiabilité de cette élection.
Mercredi, Alex Halderman, professeur en informatique et ingénierie de l'Université du Michigan, a expliqué dans un billet de blog qu'un nouveau décompte des voix devrait avoir lieu dans les États du Wisconsin, du Michigan et de Pennsylvannie, trois swing states remportés par Donald Trump. Mais l'universitaire a contesté les conclusions d'un article paru la veille dans New York Magazine à ce sujet.
Certes, lors de cette élection, Washington a davantage redouté une attaque de hackers russes que le piratage domestique de machines à voter. Mais Halderman a rappelé qu'il n'y a aucune preuve, à ce jour, qu'un piratage des votes a effectivement eu lieu lors de l'élection présidentielle US du 8 novembre. Malgré tout, les experts en sécurité, dont il fait partie, sont largement d'accord sur le fait que les résultats de l'élection fournis par des machines devraient faire l'objet d'un audit statistique.
Inclure l'audit au processus électoral
« L'audit devrait faire partie intégrante du processus électoral », explique à Wired Ron Rivest, cryptologue et professeur d'informatique au MIT de Boston (Massachusetts). « Cela doit devenir une routine », a-t-il ajouté. Cela coûterait moins cher qu'un nouveau décompte des voix (à la charge de l'équipe de campagne qui le demande). L'audit serait une garantie démocratique, en quelque sorte. Et concernerait à la fois les votes électroniques et les bulletins papier souvent scannés pour traitement.
Réaliser un audit statistiquement valide des résultats du vote électronique ne serait pas si compliqué. Selon Ron Rivest et Philip Stark, professeur de statistique à l'Université de Berkeley, l'audit national de l'élection nécessiterait de vérifier moins de 1 % des bulletins de vote papier par rapport aux résultats électroniques. Dans les États où l'écart entre les candidats est très réduit, l'audit pourrait porter sur un plus large échantillon aléatoire de votes (2,3 % dans le Wisconsin et 11 % dans le Michigan, par exemple). Si les résultats étaient incorrects, l'audit devrait être étendu.
Grands électeurs et pétition
Le climat politique reste tendu outre-Atlantique. Hillary Clinton a devancé son rival républicain de plus de deux millions de voix, emportant ainsi le vote populaire. Cet écart de voix en faveur du vaincu est le plus important depuis l'élection présidentielle de 1876 ! Mais, aux États-Unis, le président est élu au suffrage universel indirect. Ce sont les représentants du peuple américain, à savoir les grands électeurs, qui décident au final. Dans chaque État, à l'exception du Maine et du Nebraska, le candidat qui emporte le vote populaire local gagne la totalité des grands électeurs de l'État concerné.
Or Donald Trump s'est imposé dans la majorité des États regroupant le nombre le plus élevé de grands électeurs. Il fallait 270 grands électeurs sur 538 pour l'emporter, Trump en a obtenu 290. Ils se réuniront le 19 décembre prochain pour élire effectivement le 45e président des États-Unis. Une pétition sur Change.org regroupant plus de 4,6 millions de signatures, à ce jour, appelle les grands électeurs de certains États à ne pas suivre le résultat du vote local, mais à voter pour Hillary Clinton.
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crédit photo : bjmccray via Visualhunt.com / CC BY-NC-ND
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