La virtualisation du poste de travail, une simple question applicative ?
Avec le développement de la mobilité, la question de la virtualisation du poste de travail a évolué. De simple déport d'affichage, elle s'est muée dans la mise à disposition d'un catalogue de services en intégrant des règles de sécurité.
La virtualisation du poste de travail est-elle encore un sujet d'actualité pour les entreprises ? Cette question a été posée lors d'une table ronde animée par le Club de la Presse BtoB à plusieurs intervenants, fournisseurs et DSI. Premier constat, « le VDI au sens simple déport d'affichage sur un terminal semble révolu ou cantonné à des applications très particulières », souligne Karim Djamai, directeur EUC (End User Computing) SEMEA chez VMware. Et d'ajouter que « nous sommes aujourd'hui dans un modèle d'environnement de travail virtuel qui peut être hébergé dans un datacenter ».
Un environnement applicatif virtuel
Et dans ces environnements virtuels, le point central est les applications. Pour Emmanuel Schupp, directeur général France chez Citrix, « la valeur est liée aux métiers, donc il ne peut pas y avoir un PC unique, la différenciation se fait sur les applications ». Au point que la DSI est souvent qualifiée pour devenir « centre de services », constate Frédéric Pierresteguy, directeur général France et Europe du Sud de LanDesk.
Une évolution de la virtualisation du poste de travail constatée par Jean-François Leroux, DSI d'Eneria Caterpillar, la branche énergie du spécialiste des travaux publics. Il supervise 800 postes de travail dans le monde. A l'origine, il se rappelle avoir choisi, en 1993, Citrix et sa technologie de déport d'affichage pour basculer les PC vers les clients légers. Un passage en force qui a redistribué les cartes avec un parc composé de 70% de clients légers. Mais aujourd'hui la donne a changé. « Il y a une évolution claire vers la mobilité, ce sont maintenant les laptops qui sont majoritaires dans le parc. » Pour autant, il n'est pas dans une démarche de catalogue applicatif. « Nous fournissons à chaque collaborateur un pack Office et ensuite nous les laissons libres d'installer les applications qu'ils souhaitent », avoue-t-il avant d'ajouter que « cette liberté était nécessaire pour des collaborateurs qui interviennent sur des automates et ont besoin d'installer sur leur terminal des applications rapidement ».
Un contrôle obligatoire
Une liberté où le contrôle n'est pas absent. « Quand le collaborateur arrive chez nous, il y a une explication de ce qu'il peut faire, il doit ensuite obligatoirement lire et signer la charte informatique pour pouvoir accéder au SI de l'entreprise », précise Jean-François Leroux. La question de la sécurité regroupe souvent des réalités bien différentes au sein des entreprises. Ainsi chez Renault-Nissan, les designers peuvent personnaliser leurs applications, mais la société leur fixe des limites en matière de capture d'écran ou d'impression, pour éviter les fuites de données.
Benjamin Alleau, directeur associé, Infrastructures et Digital Workplace chez Capgemini, rappelle que la sécurité n'est pas le premier critère sur des projets d'aménagement de poste de travail. Et de citer, non sans humour, le DSI de Coca-Cola qui fraîchement arrivé voulait installer Skype pour les collaborateurs et le responsable de la sécurité lui recommandant de faire un test sur une dizaine de personnes. Le DSI avait répondu : « Plus de 50 millions de personnes utilisent Skype, donc un test pour une dizaine de personnes en plus, cela ne sera pas nécessaire. »
Entre contraintes et évolution inexorable
Un cas pratique qui pose la question des contours de ce catalogue de services. Le développement d'outils comme Dropbox, Evernote, Skype a montré que les collaborateurs veulent utiliser les applications auxquelles ils sont habitués et sont plutôt réfractaires à un modèle imposé. Un équilibre parfois difficile à mettre en place auprès des entreprises, qui peuvent être dépassés par du Shadow IT. Chacun des fournisseurs présents autour de la table propose des solutions pour prévenir ou circonscrire ces risques, mais pour tous, il s'agit d'un choix de l'entreprise.
Une prise de conscience qui doit être mise en parallèle avec le fait que le système d'information des entreprises change avec le temps. « Il y a eu plusieurs couches de sédimentation dans les SI et dans les applications au cours des années », constate Karim Djamai. Même Eneria Caterpillar n'échappe pas à ce bouleversement. « Nous allons vers une solution de convergence entre les SI du groupe en basculant vers de l'hébergement. Le parc applicatif va être modifié, nous venons récemment de signer un contrat avec Salesforce avec une orientation vers le Cloud hybride. Nous regardons également pour la partie ERP sur du SAP. » La virtualisation du poste de travail n'est donc pas un sujet figé et pourrait encore s'adapter à d'autres tendances comme l'Internet des objets (IoT) et la façon de percevoir la mobilité.
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