Avanquest : de WinFax à Cayenne, plate-forme B2B pour l'Internet des objets
Le nom d'Avanquest, société née il y a plus de trente ans, reste avant tout associé à des logiciels grand public distribués dans les allées de la grande distribution. Construit sur le succès de WinFax et par acquisitions (22 au total, dont celle de MicroApplication), l'éditeur français a dépassé les 110 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel au milieu des années 2000, avant de caler. Arrivé à la tête de l'entreprise fin 2013, Pierre Césarini (en photo), ancien directeur marketing chez Apple, à Cupertino, dans les années 90 et fondateur de plusieurs sociétés logicielles depuis, a « consolidé et nettoyé » les activités existantes et, surtout, développé deux nouvelles activités. La première, dans la mobilité, se focalise sur l'impression de photographies depuis les smartphones. Démarrée en 2014, cette activité devrait approcher à elle seule les 100 millions d'euros cette année (49,6 millions entre juillet et décembre 2016) et dégager de l'argent (0,4 million d'Ebitda sur les six derniers mois de 2016, contre une perte de plus de 5 millions un an plus tôt). « Nous avons développé cette activité sur fonds propres, en investissant peu et en misant sur nos compétences en marketing digital », raconte Pierre Césarini. Car Avanquest sort d'une période difficile, la société ayant affiché une perte de près de 30 millions lors de son dernier exercice annuel, clos en juin 2016. Pour l'année fiscale en cours, l'éditeur mise sur un retour à un résultat d'exploitation positif.
IoT : premier contrat avec Carrefour
Si le pari semble en passe d'être gagné dans la mobilité et sur les activités historiques - elles aussi bénéficiaires -, le groupe a aussi mis un autre fer au feu. Un pari à plus long terme cette fois lancé lui aussi il y a 3 ans et consistant à monter une plate-forme IoT. « Historiquement, le groupe possède des compétences sur le développement de middleware de communication, un besoin qu'on retrouve dans l'Internet des objets », constate Pierre Césarini. C'est ce constat qui a présidé au lancement de l'activité MyDevices. Cette dernière a aujourd'hui donné naissance à une plateforme de gestion des objets connectés, visant à relier toutes sortes de terminaux, via différents protocoles.
Encore modeste (1,3 million d'euros lors des résultats semestriels tout juste dévoilés, pour une perte opérationnelle de 2,4 millions), MyDevices compte toutefois quelques premiers succès à son actif. En particulier un premier contrat avec le géant de la distribution Carrefour. Le projet, qui doit entrer en production dans le courant de l'année, vise à connecter 75 objets vendus dans les rayons de l'enseigne (et 400 à terme), « sur tous les protocoles » assure le dirigeant de l'éditeur. L'objectif est évidemment stratégique pour Carrefour, qui voit les industriels, notamment dans l'électroménager, lancer des modèles connectés pour essayer de bâtir une relation directe avec leurs clients. En lançant sa propre infrastructure, le géant de la distribution peut espérer se relier à ces objets, en poussant les constructeurs à ouvrir leurs API. Derrière, s'ouvre le gigantesque marché du réapprovisionnement vers lequel lorgnent tant les distributeurs que les fabricants. Aujourd'hui, entre 15 et 30 personnes d'Avanquest sont impliqués sur ce projet (l'activité MyDevices en comptant une soixantaine).
190 000 développeurs sur Cayenne
Pour orchestrer son offensive sur ce marché, l'éditeur mise sur son environnement de développement, Cayenne. Dévoilé lors du CES de Las Vegas en janvier 2016, cette plateforme réunit 190 000 développeurs dans le monde, selon les derniers chiffres officiels d'Avanquest. « C'est la plus grosse communauté IoT dans le monde », assure Pierre Césarini. L'environnement propose une gestion de la base de données et des événements, y compris sur des associations d'objets. Si la plateforme a réussi à séduire tant de développeurs, c'est aussi en raison de son modèle économique. L'usage de Cayenne est gratuit en dessous de 50 objets et de 1 Go de données (au-delà, la facturation se fait au volume). Un modèle adapté à la réalisation de prototypes, qui reste le stade majoritaire des projets IoT à ce jour, les mises en production massives demeurant l'exception. Notamment compatible avec les pico-ordinateurs Raspberry Pi et Arduino, Cayenne reconnaît une centaine d'objets et propose un service en ligne permettant aux fabricants d'enregistrer un nouveau terminal sur la plate-forme.
Le concepteur de LoRa investit
Un total que Pierre Césarini espère bien doper via la conclusion d'un accord récent avec Semtech, qui vient d'entrer au capital de myDevices, filiale d'Avanquest, en y injectant 3 millions de dollars. Semtech est une société américaine qui fournit des semi-conducteurs, mais elle est surtout la conceptrice de LoRa, un protocole de réseau étendu très employé dans l'IoT. « Avec cet accord, on peut envisager, à terme, une livraison de l'environnement de développement avec les puces LoRa. Notre objectif est de faire de Cayenne le Java de l'IoT », dit Pierre Césarini. A plus court terme, les sociétés développant des architectures Lora devraient être encouragées à s'enregistrer sur Cayenne. Faisant grossir ainsi le nombre d'objets compatibles.
Malgré ce rapprochement avec le père de LoRa, Avanquest entend rester ouvert aux autres protocoles de communication, notamment celui de Sigfox. Notons d'ailleurs que d'autres sociétés devraient entrer prochainement au capital de myDevices, Avanquest ayant prévu un tour de financement à hauteur de 10 millions de dollars. L'éditeur confirme des discussions avec d'autres « acteurs majeurs du secteur de l'IoT », discussions qu'il espère boucler avant la fin juin.
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