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Chez Eiffage, l'IA générative au service des métiers

Eiffage déploie l'intelligence artificielle générative au coeur de ses métiers. Quinze cas d'usage ont été sélectionnés pour répondre à des besoins opérationnels et favoriser une adoption massive.

Publié par Philippe Leroy le | mis à jour à
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Jean-Philippe Faure - DSI du groupe Eiffage
Jean-Philippe Faure - DSI du groupe Eiffage
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Mettre l'IA générative au service de ses métiers, c'est la stratégie choisie par Eiffage, Depuis fin 2023, le groupe de BTP et de concessions * travaille avec les solutions de Google Cloud pour développer des cas d'usage.

Pour éviter de se disperser, le groupe a volontairement limité son périmètre initial à 15 cas d'usage. « Dès le départ, nous avons restreint le nombre de "use cases" à 15, chiffre arrêté en fonction du nombre de projets que nous pensions être capables de gérer en un an », explique Jean-Philippe Faure, son DSI. « Les projets ont été sélectionnés en fonction de leur portée : nous voulions des projets IA qui servent au plus grand nombre de collaborateurs au sein du Groupe car je suis convaincu que la rentabilité d'un projet IA se mesure avant tout par son taux d'adoption ».

La méthode ? S'appuyer sur un réseau de pionniers dans les différentes branches du groupe, qui identifient les usages prioritaires et conçoivent les premières solutions. Une approche de co-construction qui doit favoriser leur adoption par les différents métiers.

Une plateforme Vertex AI avec Gemini, Imagen, Claude AI et Mistral AI

La DSI se positionne comme un facilitateur qui veille à la sécurité, à la gouvernance, à la robustesse technique, et accompagne les déploiements. « L'IA est un projet pour les métiers. Ce n'est pas une affaire de technophiles : pour créer de la valeur avec l'IA, il faut avant tout connaître le métier. L'IA générative change la donne : on n'a plus besoin de savoir coder, il faut savoir s'exprimer clairement, poser un problème de manière pertinente, et comprendre les enjeux du terrain. Ce sont les gens du métier qui détiennent cette compétence, pas ceux qui maîtrisent le langage informatique ». appuie le DSI.

Le recours croissant aux IA publiques par les collaborateurs a aussi motivé la démarche. « Eiffage regorge de collaborateurs curieux, passionnés par l'innovation. Assez naturellement, le recours aux IA publiques s'est rapidement généralisé, souvent de manière invisible. Mais cela pose un risque majeur : lorsqu'un collaborateur saisit des données de l'entreprise sans anonymisation dans un prompt, ces informations peuvent faire l'objet de fuite ou tomber dans l'espace public. C'est une brèche de sécurité invisible, mais bien réelle », souligne Jean-Philippe Faure.

Plutôt que d'interdire ces outils, Eiffage a proposé une alternative interne, sécurisée et encadrée. Accessible à tous les collaborateurs ayant suivi une formation au prompt, la plateforme développée sur Google Cloud garantit la confidentialité des données tout en centralisant les bonnes pratiques. Résultat : l'utilisation des IA publiques diminue sensiblement.

Eiffage s'appuie sur Vertex AI et plusieurs modèles incluant Gemini, Imagen, Claude AI et Mistral AI. « Vertex AI facilite l'intégration de multiples modèles. Nous avons développé une plateforme no-code sur GCP appelée Workflow Builder qui permet de 'muscler' les prompts et de les rendre plus robustes pour un passage à l'échelle efficace », explique le DSI. « GCP nous apporte bien plus que des modèles : l'infrastructure Google Cloud couvre tous nos besoins pour tester et rapidement mettre en oeuvre nos idées ».

15 cas d'usage choisis et développés par les métiers

Lancé en mai 2024, le programme a déjà permis d'industrialiser plusieurs cas d'usage. Parmi eux, l'analyse automatisée des dossiers de consultation d'entreprises (DCE), passée de deux jours à 20 minutes. « C'est un collaborateur opérationnel qui a conçu les prompts, à partir de son expérience terrain, puis la DSI l'a passé à l'échelle ».

Autre exemple : l'utilisation d'Imagen pour analyser automatiquement des photos de chantier et détecter des écarts aux normes de sécurité, en comparant les images à des référentiels internes et réglementaires. S'y ajoutent l'automatisation des comptes rendus, l'aide à la priorisation des appels d'offres, ou encore la traduction automatique de présentations.

La formation est pilier du projet. Un parcours de 80 minutes est requis pour accéder aux outils IA. Depuis février 2025, plus de 2 500 collaborateurs s'y sont inscrits, 2 000 l'ont terminé, et 1 600 utilisent activement les solutions. « Ce suivi précis de l'utilisation nous permet de mesurer l'impact réel des outils déployés, et donc le succès de notre démarche », souligne Jean-Philippe Faure.

Eiffage ne compte pas s'arrêter là. « La prochaine révolution, ce sont les agents IA », anticipe Jean-Philippe Faure. « Nous passerons alors de l'assistant 'qui aide' à l'agent "qui travaille à vos côtés" ». Ces agents devraient permettre de déléguer de nombreuses tâches chronophages, libérant du temps pour des activités à forte valeur ajoutée.

L'IA a-t-elle le potentiel de transformer les activités du groupe ? « La réponse est clairement oui, même si je suis bien incapable aujourd'hui de vous dire comment et à quel point ».

* Le groupe Eiffage emploie plus de 52 000 collaborateurs en France et près de 84 000 dans le monde

Photo : @ compte LinkedIn

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