Recherche

Gestion des API : à architectures distribuées, sourcing multiple

Le dernier Magic Quadrant de la gestion des API dénote une tendance à l'approvisionnement auprès de multiples fournisseurs. Qui se distingue sur ce marché ?

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
Lecture
8 min
  • Imprimer
Gestion des API : à architectures distribuées, sourcing multiple
© AndSus - Adobe Stock

L'IT est-elle entrée dans une ère de plates-formes, tout au moins du côté des offreurs ?

La terminologie du Magic Quadrant a en tout cas évolué dans ce sens sur de nombreux segments de marché. Par exemple, le DevOps, le big data et le stockage primaire. Le SD-WAN aussi, dans une moindre mesure, avec le mouvement vers le SASE monovendeur.

Sur la gestion des API, c'est plutôt le contraire. Avec les architectures distribuées, l'approvisionnement auprès de plusieurs fournisseurs est en croissance. Plus globalement, les clients tendent à opter pour des capacités individuelles plutôt que des produits complets.

Le positionnement des fournisseurs dans le Magic Quadrant de la gestion des API résulte de la combinaison d'évaluations sur deux axes. L'un prospectif ("vision"), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande ("exécution" : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).

Sur l'axe "exécution", la situation est la suivante :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1Google Cloud+ 1
2IBM- 1
3Axway+ 2
4Microsoft- 1
5Salesforce- 1
6AWS+ 2
7SAP+ 2
8Tyk+ 3
9Kong- 2
10Gravitee.io+ 4
11Smartbear+ 5
12Software AG- 6
13Boomi- 1
14WSO2- 4
15Postman- 2
16Solo.io+ 1
17Sensedianouvel entrant

Sur l'axe "vision" :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1Kong+ 3
2Google Cloud=
3Postman+ 2
4IBM- 1
5Axway- 4
6Gravitee.io+ 1
7Salesforce+ 1
8SmartBear+ 1
9WSO2+ 4
10Solo.io+ 1
11Tyk- 5
12Microsoft=
13SAP+ 2
14Boomi+ 2
15Sensedianouvel entrant
16Software AG- 6
17AWS=

Microsoft n'est plus un "leader" de la gestion des API

D'une année sur l'autre, la composition du carré des "leaders" a changé. Gravitee.io et SmartBear y ont fait leur entrée, l'un et l'autre à la faveur d'une progression sur l'axe "exécution". Microsoft, Tyk et Software AG en sont, au contraire, sortis. Les deux premiers ont rétrogradé chez les "challengers". Le troisième, chez les "acteurs de niche".

Broadcom a quitté le Magic Quadrant tout court, faute de proposer "une offre à usage général exhaustive, non spécifique à une industrie ou limitée à un marché adjacent type iPaaS ou sécurité applicative", pour reprendre les critères de Gartner. Stoplight a suivi la même voie du fait de son acquisition par SmartBear en 2023. Quant à TIBCO Software, il a récemment vendu à Boomi son offre de gestion d'API.

Des déploiements "tactiques" aux offres transversales

Comme l'an dernier, Gartner distribue les bons points sur l'aspect "compréhension du marché" (capacité à traduire les besoins en offres) :

  • Gravitee.io, pour ses intégrations avec Solace et AWS
  • IBM, pour la flexibilité du déploiement et les innovations sur la découverte d'API
  • Kong, pour sa compréhension des besoins des développeurs
  • SmartBear, pour la même raison que Kong

Google Cloud fait exception sur ce point. Gartner lui reproche un produit peu adapté aux déploiements "tactiques" axés sur des passerelles légères et des déploiements de type GitOps.

Google Cloud bénéficie d'une appréciation plus positive sur la partie produit, en particulier pour l'usage de l'IA dans la détection d'anomalies.
Axway se distingue de façon plus globale avec, selon Gartner, "le plus gros ensemble de capacités pour la gestion distribuée des API".
Gravitee se différencie sur "de nombreux aspects", dont la personnalisation de son portail et les déploiements orientés événements.
IBM a pour lui une interface adaptée à de multiples personas. Gartner salue aussi son partenariat avec Noname Security pour la détection et la prévention. Ainsi que les capacités de son offre sur la conception et le test d'API.
Chez Salesforce, c'est la transversalité de l'offre Anypoint qui fait mouche : elle touche à l'iPaaS et à l'intégration de données.

Toujours sur la partie produit, Salesforce est en retard sur la concurrence pour les aspects test et monétisation d'API, tout comme pour la fédération de passerelles.
Chez IBM, l'acquisition de webMethods a engendré des doublons au portefeuille, voire plus si on considère que Red Hat a sa propre offre (3scale API Management).
Dans le même esprit, SmartBear en est encore à unifier des produits qui, pour le moment, proposent des expériences séparées.

Des agents aux passerelles dédiées, l'IA intégrée sous différents angles

Sur le volet des prix les opinions sont partagées. En l'occurrence :

  • Bon point à Google Cloud pour son option de tarification basée sur le volume de trafic plutôt que sur le nombre d'API
  • Bon point à Gravitee.io pour la prédictibilité des prix de son offre on-prem (tarification fondée sur les fonctionnalités et le nombre de passerelles en prod)
  • Mauvais point à Kong pour ses prix élevés et pour la difficulté à interpréter son modèle basé sur le nombre de services gérés
  • Bon point à Salesforce pour le modèle économique combiné avec ses autres offres... et mauvais point pour les prix, qui sont parmi les plus élevés

La plupart des "leaders" ne se distinguent pas sur l'approche sectorielle. Elle fait défaut à Gravitee.io comme à Kong et à SmartBear. Google Cloud a bien quelques briques, notamment dans l'open banking, mais en un an, il n'y a pas apporté d'améliorations significatives, souligne Gartner.

Google Cloud, Kong et SmartBear se rattrapent sur l'aspect innovation. Le premier, pour le degré d'intégration de Gemini. Le deuxième, pour sa "passerelle IA" qui répond à des use cases spécifiques tels que l'accès à des LLM. Le troisième, pour ses travaux dans le cadre de l'initiative OpenAPI. Ils portent sur Arazzo, un mécanisme de description de séquences d'appels API applicable notamment aux agents IA.

Salesforce, au contraire, est perçu comme plus réactif qu'innovant. En tout cas sur le volet fonctionnel. En matière de stratégie commerciale, il a peut jouer sur son écosystème, y compris la qualité de ses services d'implémentation, de conseil et de formation. Une position que Gartner apprécie plus que celle de Google Cloud, auquel il reproche - comme l'an dernier - une tendance à pousser son SaaS au détriment des déploiements sur site ou hybrides.
Kong est sujet à un problème d'une autre nature : une multiplicité de produits entre lesquels il peut se révéler difficile de choisir.

Kong se distingue sur sa stratégie marketing

Entre autres bons points données aux "leaders" du Magic Quadrant de la gestion des API :

  • Axway, pour la qualité de l'expérience client et son retour à la profitabilité en 2023 sur ce segment
  • IBM, pour l'étendue de sa présence géographique et de son réseau de partenaires
  • Kong, pour sa visibilité et sa disponibilité améliorées
  • SmartBear, pour la qualité de ses contenus de formation

Entre autres mauvais points :

  • Axway, pour sa notoriété limitée chez les devs, sa part importante de clientèle restée sur site et sa présence limitée hors des plaques Europe et Amériques
  • Gravitee.io pour les mêmes raisons de présence géographique et pour le manque de notoriété globale
  • IBM, pour le déploiement complexe de ses produits
  • SmartBear, pour la disponibilité régionale limitée de son SaaS et la prise en charge linguistique restreinte à l'anglais pour la plupart des produits

Illustration

Sur le même thème

Voir tous les articles Data & IA

Livres Blancs #cloud

Voir tous les livres blancs
S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page