Le CNLL voit l'avenir du logiciel libre entre Big Data et marketing
Le Conseil national du logiciel libre (CNLL), qui représente plus de 400 entreprises en France par le biais de 13 associations et groupements, prend le pouls de l'écosystème en amont du salon Solutions Linux / Open Source 2014. L'enquête menée auprès de 139 dirigeants intéresse tout particulièrement les domaines prometteurs pour la filière, Big Data en tête.
Des entreprises de petite taille
Les sociétés du logiciel libre en France sont en grande majorité des TPE-PME, ainsi 59% des répondants représentent des entreprises de 5 salariés ou moins. 24% des organisations concernées ont entre 6 et 25 salariés, 11% de 26 à 100 salariés et 6% seulement plus de 100 salariés.
Du côté des métiers, 51% des entreprises réalisent au moins 30% de leur activité dans le développement de logiciels et projets. 37% dans l'intégration et le conseil et 32% dans l'édition (création et support). D'autres ont pour activité majeure la formation (22%), l'administration système (14%) et l'hébergement (11%). Le plus souvent, les entreprises du numérique libre (ENL) pratiquent différents métiers (édition et intégration, par exemple).
. prêtes pour le Big Data ?
Les entreprises interrogées « voient de nouveaux terrains de conquête pour le logiciel libre dans le Big Data (pour 47% des répondants), l'infrastructure (45%) et la sécurité (36%), mais aussi l'informatique de gestion (35%) », souligne le porte parole du CNLL, Patrice Bertrand.
Interrogé par la rédaction, Stéfane Fermigier, fondateur de l'éditeur Abilian et président du Groupe Thématique Logiciel Libre (GTLL) du pôle Systematic, partage ce point de vue. « Concernant le Big Data, nous y associons toute la palette des solutions de bases de données (relationnelles, post relationnelles, NoSQL.) avec une offre Open Source foisonnante. On le constate avec PostgreSQL et toutes les innovations introduites ces dernières années, et les bases NoSQL qui sont presque toutes Open Source. Mais aussi des frameworks et librairies d'analyse des données comme Hadoop, Storm, Scikit-Learn (Python) et d'autres », explique-t-il.
« Comme l'indique Patrice Bertrand, on retrouve aussi le logiciel libre dans des domaines ou il a depuis longtemps des positions fortes, à savoir : l'infrastructure - de l'OS et des outils et serveurs réseaux 'classiques' à tous les éléments (OS, réseau, stockage) virtualisés qui constituent les briques de base du Cloud Computing -, la sécurité et les outils de développement », commente l'entrepreneur. Avant de souligner la percée des solutions de gestion (ERP, GED, CRM), « un domaine où le logiciel libre était encore en retrait il y a quelques années ».
Le marketing en question
D'après l'enquête du CNLL, les principaux freins à l'adoption de solutions libres demeurent : la faiblesse du marketing (pour 68% des répondants), la méconnaissance des offres existantes (65%) et, enfin, « le verrouillage de certains marchés par des éditeurs propriétaires » (60%).
Dans certains cas, soulignent les auteurs de l'enquête, « le logiciel Open Source parvient à compenser ces moyens financiers limités par un bouche à oreille puissant, appuyé sur les communautés et les réseaux sociaux. Mais beaucoup de grandes DSI ne jurent encore que par les rapports de quelques cabinets d'études, où seuls les éditeurs les plus riches peuvent figurer ».
Enfin, les produits Open Source peuvent être considérés comme moins complets ou moins matures (pour 41% des répondants). En revanche, la crainte d'un coût total de possession défavorable (17%) ou des problématiques juridiques (12%) auraient un impact limité.
30 000 emplois, mais.
Le nombre d'entreprises spécialisées dans le logiciel libre en France est estimé à environ 300, soit quelque 3 000 emplois. Dans son ensemble, l'écosystème Open Source emploie environ 30 000 personnes, pour un volume d'affaires estimé à 2,5 milliards d'euros en 2012 (source : PAC).
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Le marché reste dynamique, malgré une croissance qui pourrait ralentir d'ici à 2015. Par ailleurs, 65% des dirigeants interrogés par le CNLL déclarent avoir des difficultés pour trouver des collaborateurs maîtrisant les techniques et outils du logiciel Open Source. Et 98% estiment que les filières informatiques devraient inciter leurs étudiants à contribuer à des projets libres.
« Il existe plusieurs acteurs en France qui sont éditeurs de solutions autour de ces notions, Big Data inclus, et beaucoup plus d'intégrateurs qui sont à même d'implémenter ces solutions pour leurs clients », souligne Stéfane Fermigier. « Mon sentiment général sur cet écosystème de la donnée est qu'il est, pour l'essentiel, poussé par l'innovation issue du monde de l'Open Source, comme je l'avais par exemple expliqué dans mon livre blanc sur le sujet il y a deux ans. Cela a été renforcé depuis, et les acteurs français ont la chance de bénéficier du soutien de l'État avec plusieurs appels à projets », ajoute-t-il. On pense ici aux investissements d'avenir, dont l'appel Big Data et le 4ème appel à projets « Informatique en nuage - Cloud Computing et Big Data ».
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