Legapass : comment protéger ses données privées jusque dans l’au-delà
Comment gérer les données numériques après la mort de son détenteur ? La jeune pousse française Legapass a conçu un archivage pour transmettre l’héritage numérique aux ayant-droits, en toute sécurité.
En 2012, une jeune adolescente de 15 ans est décédée à Berlin après avoir été heurtée par une rame de métro. Ses parents endeuillés ont demandé à Facebook de leur confier ses messages privés dans l’espoir de comprendre si sa mort était un suicide ou un accident.
Facebook a refusé. Le décès sitôt signalé, le profil de la jeune fille était converti en compte commémoratif. Et, conformément à la politique de rétention de l’entreprise à l’époque, personne ne pouvait plus y accéder, même avec un mot de passe. Après des années de procès et d’appels, la plus haute juridiction allemande a ordonné en 2018 à Facebook de restituer le profil à sa famille.
Cette anecdote pose la question de savoir si Meta/Facebook, ou toute autre société technologique comme Alphabet/Google, ou ByteDance/Tiktok peut décider de l’avenir des données privées, des utilisateurs après leur mort.
Lire aussi : 10 chiffres sur LightOn, qui prépare son IPO
Transmettre l’héritage numérique
Une jeune pousse française veut simplifier la transmission de l’héritage numérique, via un coffre-fort chiffré et répliqué hors-ligne, avec l’intermédiation d’un tiers de confiance sous contrat.
A l’origine, Legapass ciblait les responsables d’entreprise, leurs contrats d’assurance-vie, investissements dématérialisés et identifiants nécessaires aux transactions en ligne.
Les données du coffre-fort numérique restent hors ligne, inaccessibles depuis Internet, et indéchiffrables par les équipes techniques des prestataires. Seule l’intervention d’un huissier sous contrat peut compléter les clés nécessaires aux ayants droit pour déchiffrer les contenus archivés.
Au cœur de la solution, on trouve un chiffrement asymétrique évolutif, élaboré avec une équipe de recherche du CNRS, et faisant l’objet d’un dépôt de brevet. Il est associé à un stockage, répliqué dans plusieurs endroits en France, et maintenu hors ligne.
« Nous avons développé Legapass pour les particuliers et les chefs d’entreprise qui l’adoptent contre un abonnement annuel, ou une licence perpétuelle. A présent, nous aidons les notaires à retracer et à rassembler tous les actifs d’un défunt, en réalisant l’inventaire complet de son patrimoine numérique, » précise Jean-Charles Chemin, ingénieur et cofondateur de Legapass.
Dans le patrimoine numérique, on trouve fréquemment un compte PayPal ou un portefeuille de cryptomonnaies, voire des placements non inventoriés par le notaire.
Pour les transmettre après le décès de leur propriétaire, encore faut-il les connaître et les recenser. L’archivage sécurisé Legapass a obtenu le label Etik, décerné par le Conseil Supérieur du Notariat, assurant sa conformité aux standards éthiques et de sécurité exigés par la profession notariale.
Outre un impact psychologique favorable sur les familles et les salariés concernés, la startup signale un effet de bord inattendu : « Les portefeuilles de cryptomonnaies, cagnottes en ligne et opérations de crowdfunding (collecte de fonds sur Internet) échappent souvent aux successions. Ce sont autant de pertes financières, plusieurs millions d’euros que l’on peut ramener dans l’économie, » précise le cofondateur.
Sur le même thème
Voir tous les articles Data & IA