Marketing et DSI s'écharpent autour du Big Data
Deux ans après un premier baromètre mettant en évidence le manque de compréhension des enjeux du Big Data au sein des entreprises françaises, EMC et IDC livrent une seconde édition marquant un vrai changement d'époque. Alors que seulement 7 % des DSI hexagonales avaient un projet de mégadonnées (l'appellation officielle adoptée par la Commission de terminologie pour désigner le Big Data) en 2012, elles sont 43 % dans ce cas en 2014. « Nous observons aujourd'hui chez nos clients une vraie prise de conscience des problématiques Big Data et une volonté forte de saisir les opportunités offertes, mais l'implémentation reste encore un défi pour un grand nombre d'entre elles », observe Christian Hiller, président d'EMC France. 99 % des DSI interrogés (une centaine issus de moyennes et grandes entreprises) connaissent aujourd'hui le terme Big Data. Vu le matraquage sur le sujet, on peut même se demander sur quelle planète habite le directeur informatique qui a affirmé en ignorer la signification.
IDC note également une évolution des enjeux. Avec des entreprises qui se concentrent sur l'interrogation des données et la vitesse de traitement, là où, deux ans plus tôt, elles se posaient plutôt des questions sur le stockage de grosses volumétries d'information. Pour le cabinet d'études, cette évolution résulte de la montée en puissance des besoins d'accès en temps réel. Également interrogés dans le cadre du baromètre, les directions marketing pensent à 63 % qu'il s'agit là d'un enjeu important. Les DSI ne sont que 33 % dans ce cas.
Le marketing n'a pas besoin de la DSI. et vice-versa
Le Big Data semble d'ailleurs être l'enjeu d'une réelle guerre d'influence entre marketeurs et informaticiens. Seulement deux directeurs marketing sur trois affirment que la DSI prend part à la démarche mégadonnées de leur organisation. 80 % des équipes marketing se voient comme la partie prenante principale sur ces projets. Côté DSI. c'est tout l'inverse ! Pour l'IT, la direction marketing n'arrive qu'au quatrième rang des parties prenantes au sein de l'entreprise, derrière la direction générale et la DAF.
Un constat assez logique. Car la vision des priorités du Big Data n'est pas réellement la même selon que l'on parle au marketing ou à l'IT. Le premier y voit un levier pour analyser plus de données, mais aussi accélérer la vitesse de traitement ou parvenir à une plus grande finesse d'analyse. Objectifs : une meilleure connaissance de l'évolution du marché, l'adaptation des offres et services, et l'amélioration de la performance des campagnes. Pour les DSI, le premier bénéfice est ailleurs, dans l'accès à tous types de données. Un bénéfice qui reste encore largement à concrétiser : selon IDC, seule 30 % des données sont exploitées dans les entreprises françaises. Et 88 % d'entre elles sont des données structurées.
DSI et marketeurs s'accordent au moins sur un point : les compétences dont disposent actuellement les entreprises sont insuffisantes. 90 % des CMO (Chief Marketing Officer) et 80 % des DSI partagent ce constat. Signalons d'ailleurs que les initiatives se multiplient pour former des 'Data Scientist' de haut niveau. Mercredi, l'école Polytechnique ouvrira ainsi une chaire 'Data Scientist', soutenue par trois mécènes, Keyrus, Thales et Orange. Rappelons que, dans le cadre du plan Big Data, le gouvernement prévoit la création de 130 000 postes dans le secteur d'ici à 2020.
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