SFR se met au Big Data mobile avec Intersec
« Le Big Data est l'évolution naturelle de la technologie pour les opérateurs », avance Mathieu Gras, responsables Big Data chez SFR. Se pose alors la question de « quel service apporter à partir de la donnée ».
En écho à la récente offre d'Orange Business Services (Lire : Flux Vision : Orange Business lance son offre Big Data pour les entreprises), SFR se lance à son tour dans le Big Data en exploitant les données mobiles des cartes SIM de ses 21 millions de clients sous formes de services. Mais, à l'inverse de son concurrent, qui développe en interne la technologie de son offre, SFR a fait appel à un prestataire extérieur.
100?000 événements traités par seconde
« On a commencé à développer nous-mêmes », nuance Mathieu Gras. Mais très vite SFR s'interroge sur la pertinence du modèle face à « la nécessité de maintenir les solutions dans le temps ». La réponse ne s'est pas faite attendre puisque l'opérateur s'est tourné vers le moteur de data discovery Igloo d'Intersec, éditeur spécialisé dans les solutions Big Data dédiées aux opérateurs mobiles (Lire : Intersec : le founisseur de valeur des opérateurs).
Et sans regret. « Le projet Intersec a été développé en quatre mois et le résultat est plus que satisfaisant », assure le responsable de l'opérateur. « Notre base de données est capable de traiter 100?000 événements (connexions au réseau, changements de cellule mobile, etc.) par seconde », assure Yann Chevalier, CEO et co-fondateur d'Intersec. Les besoins de SFR s'élèvent à 30?000 par seconde aujourd'hui. Ce qui laisse de la marge de manouvre à l'opérateur.
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Autant de données mobiles que SFR entend exploiter dans un premier temps à travers trois grands types de services?: le géomarketing, la géostatistique et l'étude des flux de population. Le géomarketing s'est notamment illustré avec le service d'alerte aux dons que SFR mène pour l'Etablissement français du sang. Proposé au trois millions de clients volontaires (« la plus grosse base opt-in d'Europe », se félicite Mathieu Gras), le service permet d'alerter un donneur lorsqu'un camion de collecte se trouve dans sa zone de présence. Un service particulière efficace l'été où les mouvements estivaux compliquent la collecte. « 12 à 27% des nouveaux donneurs provenaient de la campagne SFR [en 2011, année où le service a remporté un Mobile Awards, NDLR] », se réjouit le responsable.
50 cas d'usages
La géostatistique et l'étude des flux de population s'illustreront dans le comptage des voyageurs dans des zones à fortes fréquentation (gares, aéroports, stades.) qui permettront d'étudier leur provenance (« depuis mardi on est autorisé à indiquer le pays d'origine du visiteur, on se limitera aux 25 premières nationalités », indique Mathieu Gras), leurs destinations, leur temps de séjour, etc. Le tout en temps réel, ce qui n'est guère possible aujourd'hui de manière fiable.
Autant d'analyses effectuées sous couvert d'anonymisation des données susceptibles d'intéresser les acteurs de l'industrie du transport, tant d'un point de vue commercial (connaître la nationalité des voyageurs intéressera notamment les compagnies aériennes) que d'optimisation des infrastructures de transport. « L'étude des flux permet de mesurer la pertinence de construire une liaison directe entre Gare du Nord et Roissy », indique notre interlocuteur à titre d'exemple.
Quelques cas d'usage parmi nombre d'applications possibles du Big Data en mobilité?: illustrons encore les exemples avec les services d'assistance à l'évacuation d'une zone en cas de catastrophe grâce à la visualisation des mouvements de population en temps réel, la publicité de proximité personnalisée, la diminution de la fraude à la carte bancaire par géolocalisation des transactions, l'offre de forfait personnalisé en fonction de la typologie de l'utilisateur, le suivi de l'adoption d'un nouveau smartphone dans les heures qui suivent son lancement, etc. Pas moins de 50 cas d'usages sont possibles avec Igloo.
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Premières offres en 2014
Si SFR, qui a retenu une dizaine de cas d'usages, mène plusieurs opérations dans ce sens (dont l'étude des flux à la sortie du Stade de France pour trouver les solutions adéquates afin d'accélérer le désengorgement des transports communs), l'opérateur ne présentera pas d'offres formelles avant le premier semestre 2014. Il est donc trop tôt pour en connaître les modalités économiques.
Rien ne presse même si le concurrent est déjà sur le terrain. « La France est le pays le plus avancé en Europe et dans le monde sur la donnée mobile », affirme Mathieu Gras qui concède néanmoins que les futures offres n'ont pas vocation à quitter le pays. « Les opérateurs américains n'entendent pas aborder le Big Data avant 2014 », confirme Yann Chevalier en discussion avec AT&T, T-Mobile et Verizon sur ces questions et qui, en parallèle, annonce l'ouverture d'un bureau Intersec à New York avec une levée de fond américaine attendue dans le courant du premier semestre de l'année prochaine.
« SFR a la chance de discuter avec beaucoup d'opérateurs en Europe, ajoute Mathieu Gras, cela fait partie de l'évangélisation du Big Data mobile. » Une évangélisation confirmée par l'impulsion de Stéphane Richard qui, lors du show Hello début novembre, a inscrit d'Orange comme « opérateur de confiance » dans la donnée mobile. La France évangélisatrice du Big Data mobile dans le monde?? Une sérieuse carte à jouer pour Intersec, PME de 120 personnes, qui réalise 95% de son chiffre d'affaires à l'international.
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