Luc Julia : « Les français sont les meilleurs du monde dans l'IA »
Publié par Philippe Leroy le | Mis à jour le

Luc Julia, directeur scientifique de Renault et co-inventeur de Siri, s'est exprimé sur les atouts de la France dans le domaine de l'IA à l'occasion d'un évènement organisé le 7 février à Paris par Numeum. Verbatim.
Le " Fireside Chat " avec Luc Julia était le rendez-vous le plus attendu de la 5ème édition du AI France Summit 2025 organisé par Numeum le 7 février à Paris, en préambule du Sommet pour l'action sur l'IA qui se tiendra les 10 et 11 février au Grand Palais. Devant une salle archi-comble, le directeur scientifique de Renault et co-inventeur de Siri, s'est exprimé sur la place de la France dans le domaine de l'IA, ses atouts et les freins qui pourraient nuire au développement d'un écosytème compétitif face au rouleau compresseur américain alimenté par des diazines de milliards de dollars.
Pourquoi la France compte dans Ie domaine de l'IA ?
« Il y a plusieurs écoles de mathématiques dans le monde, l'école russe et indienne ; mais l'école de mathématiques française est une des meilleures. Et la meilleure en termes de médailles Fields qui est le prix Nobel des mathématiques. Que ce soit les vieilles IA ou les nouvelles, IA, c'est des maths. Et il se trouve que les Français, depuis le siècle des Lumières, on est les meilleurs en maths. Et donc, on est aussi les meilleurs en IA dans le monde. Dans la Silicon Valley, on est quelques dizaines de milliers de Français. Et si vous prenez n'importe quelle "grosse boite" comme Meta, Google ou Netflix, le chef de l'IA est français. On est. reconnu pour ça. »
Quels sont les atouts de l'écosystème français ?
« On a des opportunités depuis une dizaine d'années, en particulier depuis la création de la French Tech et l'émergence de la BPI. Le problème, c'est de passer de la start-up à la scale-up. J'aime bien, par exemple, ce qui se passe dans le Silicon Sentier à Paris. Il y a une émulation entre les startups qui se parlent. C'est ce qu'il faut pour créer un écosystème : que les gens osent se parler quand ils font pas les mêmes trucs. C'est la façon dont on a créé Siri : une collaboration avec des gens qui n'étaient pas supposés collaborer ensemble.»
Quels sont les freins de l'écosystème français ?
« Les conditions sont réunies pour faire éclore un créer un nouveau Siri mais après il faut l'arroser avec beaucoup d'argent. Et c'est là où ça pêche aujourd'hui. Il y a deux mots qui font peur, c'est risque et échec. C'est ce qui nous tue, Dès l'école ici, quand on fait quelque chose de pas bien, on va au coin. Et après dans les boîtes, on est mis au placard. Il faut apprendre que l'échec fait partie de l'apprentissage. Il faut apprendre que parce qu'on va risquer, on va échouer. Il faut apprendre que cet échec va nous permettre d'avancer. En Europe, d'une manière générale, on est "risk-averse".»
Photo : © Emmanuel Obadia - Numeum