Sommet de l'IA : comment les engagements de la communauté internationale ont évolué en trois éditions
L'innovation et le développement durable font partie des notions dont l'approche a évolué entre les déclarations de Bletchley Park et de Paris.

La notion d'intelligence artificielle "inclusive et soutenable", pierre d'achoppement pour le Royaume-Uni ? Cela semble avoir pesé dans son refus de signer la déclaration du Sommet de l'IA de Paris.
Londres considère que les orientations prises à cette occasion sont "particulièrement différentes" de celles adoptées en 2023 au sommet de Bletchley Park.
Les "circonstances nationales", une concession écartée dans la déclaration de Paris
Ces dernières avaient, au-delà d'objectifs partagés tels que la sûreté, la confiance et la transparence, posé la base d'une coopération inclusive, face à des risques pour la plupart "internationaux par nature". Elles avaient mis l'accent sur les IA "frontières" (grands modèles généralistes), avec un agenda spécifique. Il s'agissait d'abord de développer une compréhension scientifique partagée des risques associés. Puis d'élaborer, en conséquence, des politiques communes... "tout en reconnaissant que nos approches peuvent différer selon les circonstances nationales".
Cette concession ne figure pas dans la déclaration de Paris. Pas plus, d'ailleurs, qu'une autre résolution prise à Bletchley Park : aller vers une gouvernance "pro-innovation". Cette fois-ci, il est question de "permettre l'innovation dans le domaine de l'IA en créant les conditions propices à son développement et en évitant la concentration du marché".
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Dans la déclaration de Séoul, l'innovation liée à la "soutenabilité"
La déclaration principale du sommet de Séoul (signée par 10 pays et l'UE) affirmait que la sûreté de l'IA, l'innovation et l'inclusivité étaient des sujets liés. Elle préconisait des cadres de gouvernance "encourageant des écosystèmes innovants et inclusifs".
La déclaration ministérielle signée en parallèle (par 27 pays et l'UE) soulignait elle aussi l'importance de tels cadres de gouvernance. Les signataires déclaraient en outre leur intention de soutenir l'adoption de l'IA dans des secteurs industriels clés et à favoriser l'innovation en facilitant l'accès à des ressources, en particulier pour les start-up, les PME et la recherche.
Un lien était par ailleurs fait entre l'innovation et la notion de résilience ou de soutenabilité. Ainsi la déclaration encourageait-elle les développeurs et les déployeurs de modèles et de systèmes d'IA à "prendre en considération leur empreinte environnementale". Par exemple "en utilisant des puces basse consommation".
Un observatoire à l'Agence internationale de l'énergie
La déclaration de Paris (signée par 58 pays, l'UE et la Commission de l'Union africaine) accentue cet aspect. Elle s'intitule d'ailleurs "Déclaration sur une IA durable et inclusive pour la population et la planète". Ses signataires s'engagent entre autres, comme susmentionné, à permettre l'innovation en évitant la concentration du marché.
Aux objectifs, la déclaration ajoute des dispositifs. Notamment un incubateur de l'IA d'intérêt général. Il est destiné à soutenir des "biens publics numériques" et des projets de renforcement dans des domaines allant des données aux compétences en passant par l'audit. Autre mécanisme mis en place : un observatoire sur les effets de l'IA en matière d'énergie, dans le cadre de l'Agence internationale de l'énergie. Quant à la gouvernance, l'accent est désormais mis autant sur la "complémentarité" des initiatives - dans le but "d'éviter les doublons" - que sur leur coordination.
Illustration générée par IA
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