Emploi : Google for Jobs s'attire les foudres de la concurrence
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Vingt-trois services de recherche d'emploi demandent à la commissaire européenne à la concurrence de prendre une mesure provisoire à l'encontre de Google.
Deux mois après son lancement en Europe, Google for Jobs s'attire les foudres de concurrents. Vingt-trois services de recherche d'emploi dénoncent des pratiques qui, selon eux, impactent à la baisse leurs parts de marché et leurs profits, a révélé Reuters.
Dans une lettre adressée ce mardi à la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, ces sites lui demandent de prendre une mesure provisoire à l'encontre de Google. Ils voudraient obtenir l'arrêt de pratiques qu'ils jugent anticoncurrentielles alors qu'une enquête européenne est en cours.
Google for Jobs a été lancé aux États-Unis en mai 2017. La fonctionnalité est accessible depuis juin 2019 sur plusieurs marchés européens, dont la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni.
Le service spécialisé de Google est nativement intégré dans son moteur de recherche généraliste. Les internautes peuvent indiquer des mots clés qui s'apparentent à une recherche d'emploi (par exemple : « développeur web Toulouse »). Et ainsi obtenir une liste d'annonces issues de multiples recruteurs et sites d'emploi (jobboards).
Les internautes peuvent filtrer et enregistrer ces offres. Ils peuvent aussi activer des alertes par email. En revanche, pour postuler, l'internaute est dirigé vers le site qui affiche l'offre intégrale. De quoi chahuter tout un marché.
Google bouscule Indeed et le marché dans son ensemble
Des sites d'emploi observent une augmentation du taux de candidats qui postulent depuis ce lancement. Mais d'autres redoutent une baisse de trafic et de revenus.
En outre, certains estiment que Google use de sa position dominante pour attirer les recruteurs et les candidats vers sa fonctionnalité de recherche d'emploi. Et, par extension, donner davantage de visibilité à d'autres de ses services, publicitaires notamment.
La filiale d'Alphabet Inc. tenterait ainsi « de contourner et de servir de substitut à d'autres sites », ont indiqué les signataires dans leur lettre à l'attention de Margrethe Vestager.
Des sociétés européennes comme BestJobsOnline UK et Jobindex en font partie.
Indeed, poids lourd de l'agrégation d'annonces, n'a pas commenté l'affaire. Or, le métamoteur d'emploi aurait enregistré une baisse de trafic issu de Google de 5% depuis 2016, selon Jumpshot.
Google, de son côté, a déjà écopé de 8,25 milliards d'euros d'amende en Europe dans différents dossiers antitrust ces deux dernières années. La multinationale connait donc la fermeté de Margrethe Vestager sur ces dossiers (comparateur, mobile, publicité). Mais Google sait aussi que la commissaire danoise quittera prochainement ses fonctions, lorsque le mandat de la Commission européenne actuelle se terminera, le 31 octobre 2019.