France : un logiciel policier provoque un tollé
Ce logiciel ne représente « aucun risque d'attenter à quelque liberté que ce soit« , a pourtant expliqué la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie.
Mais les affirmations de MAM ne semblent pas convaincre. Ainsi, la Cnil, Commission nationale de l'informatique et des libertés, la Halde, Haute autorité de lutte contre les discriminations, et le collectif de lutte contre l'homophobie s'inquiètent du potentiel du logiciel et demandent des précisions au gouvernement.
La Cnil rappelle également à la ministre qu'elle devra émettre un avis préalable avant la mise en place de l'application. Notons que ce fichier est actuellement testé par la police.
Concrètement, ce logiciel a pour but de classer les victimes et les coupables de délits selon des critères parfaitement subjectifs. « Ardoise » est capable de mettre en exergue un certain nombre de données et de profils, classés par rubriques et destinés, selon ses concepteurs, à « cerner » la victime ou le présumé auteur des faits.
Dans les faits un policier pourrait cliquer par exemple sur « mineur en fugue », « sans domicile fixe », « personne âgée », « permanent syndical », « membre d'une secte », « transsexuel » ou « homosexuel » et obtenir une liste d'individus !
La liste des données personnelles qui seraient saisies dans « Ardoise » a été validée par la Cnil dans un avis de décembre 2000 relatif au fichier actuellement utilisé par la police, le Stic (Système de traitement informatisé des infractions criminelles), a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Le collectif de lutte contre l'Homophobie s'est dit « particulièrement inquiet » face« au risque de constitution de fichiers catégoriels »s'inquiétant de « dérives ». Imaginons en effet qu'un jour ce fichier tombe entre de mauvaises mains, les conséquences seraient désastreuses.
Michel Navion, avocat de SOS homophobie, a déclaré à l'AFP qu'il « ne peut s'empêcher de rapprocher (Ardoise) avec une tendance que l'on voit aujourd'hui proche des intégristes religieux, des sectaires de tous poils, qui font partie plus ou moins de l'entourage du président de la République ».
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Même Alliance (second syndicat des gardiens de la paix) a « exigé » que le nouveau logiciel police« soit amélioré » et en a appelé au ministre de l'Intérieur, tout comme l'Unsa-police (premier syndicat) qui s'est dite « attaché au respect de la vie privée ».
Pour sa part, le second syndicat d'officiers de police : Synergie, a indiqué « ne pas être choqué ».Peut être faut-il alors créer un fichier pour les gens qui ne sont pas « choqués » par cette mesure ou pour les « bons et les mauvais ministres »?
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